31.1.07

Réflexion sur un reportage sur la franc-maçonnerie

Le Salon Beige attire l’attention sur une séquence de télévision.

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2007/01/francmaonnerie_.html#comments

Le blog Vox Galliae permet de voir un reportage de francecinq sur la franc-maçonnerie.

Ici :

http://voxgalliae.blogspot.com/2007/01/jack-lang-invite-dans-une-loge-la-video.html

Dans ce reportage, il ne s’agit pas de la franc-maçonnerie en général mais d’une obédience : le Grand Orient. L’ensemble de la franc-maçonnerie n’est évoquée que vers la fin à l’occasion d’un congrès réunissant les neuf obédiences principales.

Selon les francs-maçons eux-mêmes, la franc-maçonnerie est un mouvement unique divisé en différentes obédiences, chaque obédience étant divisée en loges, convent, conseil de l’ordre le tout dirigé par un grand maître. Les liens entre les obédiences ne sont pas évoqués pourtant ils existent nécessairement puisque les différentes obédiences peuvent mettre sur pied un congrès les réunissant toutes.

Il est donc probable, et même certain, que certaines obédiences sont ouvertes aux catholiques traditionalistes, hostiles à la culture de mort, même si le Grand Orient, ici pratiquement le seul évoqué, ne semble pas favorable à ces opinions, et encore n’est-il pas absolument certain que les opinions en question soient un obstacle à l’initiation, même au G. O.

Les principes maçonniques qui animent le mouvement sont évoquées dans la première partie. Je vais essayer de me tenir à ce que j’ai vu et entendu.

L'idéologie maçonnique, c'est la liberté absolue de conscience, la tolérance universelle, le respect des autres et de soi-même en vue de l’amélioration de l’homme et de la société. (première partie, exposé du vénérable)

1) Il est contradictoire d'affirmer la liberté absolue de conscience en prônant en même temps le respect des autres et de soi-même. La liberté n’est plus absolue ou le respect n’est pas obligatoire.

2) Il est évidemment mensonger de prétendre qu'il existe une attitude obligatoire et seule moralement admise, sans que cette obligation morale soit rattachée à une vérité spéculative.

Dans la tenue de la réunion : on peut tout dire (liberté absolue), mais il faut que votre intervention tienne compte (soit un enrichissement) de l'intervention du "frère" qui vous a précédé, ici encore liberté... surveillée, liberté absolue qui n'est pas absolue, donc la « liberté absolue » est un mensonge.

Ces contradictions, malgré la "tolérance absolue" prétendument de mise, les adeptes ne peuvent les mettre en cause (sous peine d’éviction pour désaccord avec les principes).

Ces contradictions dénotent une idée directrice secrète. Elle le reste secrète, même à l'égard des "frères" qui se sont pourtant engagés (merci pour eux).

Celui qui s’engage dans la Franc-maçonnerie n’est plus libre, il doit respecter les autres frères (mais pas les autres humains…) et lui-même. Mais qui est juge du respect ? Une autorité qu’il n’aura pas choisie et qu’il ne connaît même pas et dont il ne connaît pas les critères.

Les FM sont des hommes et comme tous les hommes, ils vont certainement tenter de résoudre ces contradictions, mais ils ne nous informent pas de la façon dont ils résoudront cette contradiction… Secret, mystère, le vulgum pecus n’a pas droit à savoir.

Toutefois on peut constater, en réfléchissant au reportage, que la liberté absolue de conscience et la tolérance absolue ne sont évidemment absolues et qu’il s’agit d’une imposture.

30.1.07

L'Histoire de l'Humanité vue comme poème.

Cet extrait s'insère au début de ce résumé, Bonaventure vient d'examiner la largeur de l'Ecriture. Il va ensuite en examiner la longueur.

Citation:
2. La Longueur de l'Ecriture Sainte

1. La sainte Ecriture Sainte possède aussi une Longueur consistant dans la description des temps et des âges, depuis l’origine du monde jusqu’au jour du jugement. Elle décrit en effet le cours du monde en trois temps : Celui de la loi de nature, celui de la loi écrite et celui de la loi de grâce dans ces trois temps, l'Ecriture Sainte distingue sept âges. Le premier va d’Adam à Noé, le deuxième de Noé à Abraham, le troisième d’Abraham à David, le quatrième de David jusqu’à l’exil de Babylone, le cinquième de l’exil au Christ, le sixième du Christ à la fin du monde, le septième court en même temps que le sixième et va du repos du Christ dans le sépulcre à la résurrection universelle. Alors commencera le huitième âge, celui de la résurrection.

Ainsi, l’Ecriture Sainte est d’une grande longueur, car son exposé commence à l’origine du monde et du temps, au début de la Genèse, et se termine à la fin du monde et du temps, à la fin de l’Apocalypse.

A juste titre, le temps universel qui s’écoule sous les trois lois, la loi donnée intérieurement, la loi donnée extérieurement et la loi inspirée d’en-haut parcourt les sept âges et se consomme à la fin du sixième, pour qu’ainsi le déroulement du monde corresponde à son origine, que le déroulement du macrocosme corresponde au déroulement de la vie du microcosme, c’est-à-dire de l’homme pour lequel il a été créé.

Le premier âge du monde durant lequel eut lieu sa formation, la chute des démons et la confirmation des anges correspond, en effet, au premier jour où fut créée la lumière et où la lumière fut séparée des ténèbres Le deuxième âge durant lequel, par l’eau et le déluge, les bons furent sauvés et les méchants anéantis, correspond au deuxième jour où, par le firmament, les eaux furent séparées d’avec les eaux. Le troisième âge, durant lequel Abraham fut appelé et la synagogue commença, qui devait porter du fruit en engendrant une progéniture pour le culte de Dieu, correspond au troisième jour où apparut la terre et où elle produisit la verdure. Le quatrième âge durant lequel fleurit la royauté et le sacerdoce, car le roi David rehaussa le culte divin, correspond au quatrième jour où furent créés les luminaires et les étoiles. Le cinquième âge durant lequel les exilés furent ballottés et tourmentés au milieu de nombreux peuples correspond au cinquième jour où les eaux grouillèrent de poissons. Le sixième âge durant lequel le Christ est né sous les traits de l’homme, lui qui est vrai ment l’image de Dieu, correspond au sixième jour où fut créé le premier homme. Le septième âge qui est le repos sans fin des âmes correspond au septième jour où Dieu se reposa après tout l’ouvrage qu’il avait fait.

Ces sept âges se distinguent ainsi par les choses remarquables qui y furent faites en leur début, en raison desquelles ils correspondent aux jours de la création du monde. Le premier âge est appelé petite enfance car, comme toute l’enfance sombre dans l’oubli, ainsi ce premier âge a été enseveli par le déluge. Le deuxième, c’est l’enfance car, comme dans la jeunesse, nous commençons à parler, ainsi, dans ce second âge, eut lieu la distinction des langues. Le troisième âge, c’est l’adolescence car, de même qu’alors la force génératrice commence à agir, ainsi Abraham fut appelé et la circoncision lui fut proposée et la promesse d’une postérité lui fut donnée. Le quatrième âge, c’est la jeunesse car, comme dans la jeunesse s’épanouit l’homme, ainsi au quatrième âge la synagogue fleurit sous les rois. Le cinquième âge, c’est la vieillesse car, comme dans la maturité les forces diminuent et la beauté se dégrade, ainsi en fut-il du sacerdoce des juifs durant l’exil. Le sixième âge, c’est la sénilité, car de même que la sénilité est liée à la mort et possède cependant une grande lumière de sagesse, ainsi le sixième âge du monde se termine avec le jour du jugement et dans son déroulement fleurit la sagesse par la doctrine dû Christ.

Ainsi donc, tout ce monde est décrit par l’Ecriture Sainte dans un déroulement ordonné s’écoulant depuis le début jusqu’à la fin, à la manière d’un magnifique poème bien réglé où l’on peut contempler dans le déroulement du temps la variété, la multiplicité et l’équité, l’ordre, la rectitude et la beauté des nombreux jugements divins procédant de la sagesse de Dieu qui gouverne le monde Comme personne ne peut voir la beauté d’un poème que si son regard se porte sur l’ensemble, ainsi personne ne voit la beauté de l’ordre et du gouvernement de l’univers s’il ne le contemple dans sa totalité. Or, personne ne vit assez longtemps pour que ses yeux de chair en perçoivent le cours total et personne ne peut par soi-même prévoir l’avenir. L’Esprit Saint y pourvoit en nous donnant le livre de l'Ecriture Sainte dont la longueur se mesure au déroulement du gouvernement de l’univers.


Breviloquium Résumé de la Foi Catholique par St Bonaventure traduction de Arnaud Dumouch 2004, téléchargeable ici

http://docteurangelique.free.fr/

Ce texte c'est que l'on pourrait appeler le résumé de la théologie de l'Histoire.

Je pense qu'il doit y avoir une erreur de traduction, lorsque Monsieur Dumouch parle de "sénilité", il doit vouloir signifier "sénescence".

Cet âge est donc marqué par l'affaiblissement des forces et de la beauté, mais acquiert, par compensation, la sagesse.

En effet la sénilité est une maladie, la sénescence est le cours normal de la vieillesse. La vieillesse est parfois l'occasion d'une grande sagesse, d'une grande sérénité et donc d'une grande sagesse.

Vous noterez, chers amis, le lien étroit de l'humanité avec le peuple juif, dans ce texte du Moyen-age, le professeur de St Thomas calque l'histoire du peuple juif sur celle de l'humanité depuis Abraham jusqu'à Jésus-Christ.

Vous y trouvez aussi la notion de progrès, il est bien évident que lorsqu'on atteint le grand âge, si vous me permettez de filer la métaphore, soit on gâtise, on radote de vieilles histoires du temps de la jeunesse, soit on devient très sage, très philosophe.

Dans tout cela, ne perdons pas de vue le but que se propose l'Ecriture :

Citation:


1. Dans une telle multiplicité de sagesse qui est contenue dans la Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur de l'Ecriture Sainte, il n’est qu’un seul mode de procéder, à savoir un mode authentique dans lequel sont contenus la narration, le précepte, la défense, l’exhortation, la prédication, la menace, la promesse, la prière et la louange. Tous ces modes reposent, à juste titre, sur un seul mode authentique.

Car le but de cette doctrine est de nous rendre bons et de nous sauver.


ibidem

L
e premier âge tombe dans l'oubli, comme le premier âge de l'humanité qui est aussi enveloppé de mystères. Comme notre âge à nous êtres humains individuel, nous ne nous souvenons pas de nos premières années...

29.1.07

HUMOUR NOIR DES FIGURES DE RHETORIQUE. Ames sensibles féminines s’abstenir.


Les figures de rhétoriques ne sont plus enseignées, ou alors dans ces cours spécialisés de troisième cycle universitaire. Dommage ; j’ai trouvé ce texte qui donne un exemple de chaque figure de rhétorique, au moins des plus courantes.

L'auteur, Marmontel, voulait prouver que le peuple use naturellement de figures. Il imagine un homme du peuple en colère contre sa femme. Entre parenthèse figure le nom de la figure. Il manque cependant l’image ou comparaison ou métaphore qui est pourtant la plus répandue des figures tant et si bien qu'aujourd'hui encore on ne s'en passe ni ne s'en lasse.

Je laisse la parole à Marmontel :

« Si je dis oui, elle dit non, nuit et jour elle gronde (antithèse). Jamais, non jamais de repos avec elle (répétition). C’est une furie, un démon (hyperbole). Mais, malheureuse, dis-moi donc (apostrophe), que t’ai-je fait (interrogation) ! O ciel quel fut ma folie en t’épousant (exclamation) ! Que ne me suis-je plutôt noyé (optation) ! Je ne te reproche ni ce que tu me coûtes, ni les peines que je me donne pour y suffire (prétermission). Mais je t’en prie, je t’en conjure, laisse-moi travailler en paix (obsécration), ou que je meure si… Tremble de me pousser à bout (imprécation et réticence). Elle pleure ! Ah ! Ah ! la bonne âme ! Vous allez voir que c’est moi qui ai tort (ironie). Eh bien, je suppose que cela soit. Oui, je suis trop vif, trop sensible (concession). J’ai souhaité cent fois que tu fusses laide. J’ai maudit, j’ai détesté ces yeux perfides, cette mine trompeuse qui m’avait affolé. (astéisme). Mais dis-moi si par la douceur il ne vaudrait pas mieux me ramener (communication) ? Nos enfants, nos amis, nos voisins, tout le monde nous voit faire mauvais ménage (énumération). Ils entendent tes cris, tes plaintes, les injures dont tu m’accables (accumulation). Ils t’ont vue, les yeux égarés, le visage en feu, la tête échevelée, me poursuivre, me menacer (description). Ils en parlent avec frayeur ; la voisine arrive, on le lui raconte ; le passant écoute et va le répéter (hypotypose). Ils croiront que je suis un méchant, un brutal, que je te laisse manquer de tout que je te bats, que je t’assomme (gradation). Mais non, ils savent bien que je t’aime, que j’ai bon cœur, que je désire te voir tranquille et contente (correction). Va, le monde n’est pas injuste : le tort reste à celui qui l’a (sentence). Hélas, ta pauvre mère m’avait tant promis que tu lui ressemblerais. Que dirait elle ? car elle voit ce qui se passe. Oui, j’espère qu’elle m’écoute, et je l’entends qui te reproche de me rendre si malheureux. Ah ! mon pauvre gendre, dirait-elle, tu méritais un meilleur sort (prosopopée). » Marmontel Eléments de Littérature t. II p. 187 cité par abbé Vincent Théorie de la Composition Littéraire de Gigord éditeur 1916

Ce texte est un peu pénible… et humoristique, c’est de l’humour grinçant. Je prie mes lectrices de me le pardonner.

Allez pour vous consoler, je vous donne le pourquoi de la voie lactée dans le ciel étoilé. Elle est composée d’un nombre infini d’étoiles. Les anciens avaient imaginé qu’il s’agissait de la giclée de lait de la nourrice d’un dieu. Le bébé ayant refusé le sein, le lait s’était répandu dans le ciel et avait donné la voie lactée. Le bébé (selon wikipedia) serait Héraklès et la déesse Héra. Héra était la déesse de la féminité, du mariage, de la protection de la femme, de la fécondité et des femmes en couches. C’est une image (figure de rhétorique) de voir du lait dans des myriades d’étoiles... Une image utilisée par les astronomes encore aujourd'hui.

28.1.07

Selon Benoît XVI,le progrès moral de l'humanité exige la laïcité et non le laïcisme.

Laïcité ou laïcisme ?

Le Salon Beige reprend une nouvelle concernant nos cousins et amis du Québec.

http://lesalonbeige.blogs.com/

Leur premier ministre a demandé le retrait du crucifix qui orne le Parlement de la Province. Je n’ai évidemment pas à m’immiscer dans cette affaire québéquoise.

Cependant je saisis l’occasion pour reprendre ce qu’a dit Benoît XVI sujet de laïcité, laïcisme, progrès intellectuel :

Le 9 décembre 2006 Benoït XVI a pris position sur les signes religieux dans la vie laïque :

"Au contraire, la religion, étant également organisée en structures visibles, comme cela a lieu pour l'Eglise, doit être reconnue comme présence communautaire publique. Cela comporte en outre qu'à chaque confession religieuse (à condition qu'elle ne soit pas opposée à l'ordre moral et qu'elle ne soit pas dangereuse pour l'ordre public), soit garanti le libre exercice des activités de culte - spirituelles, culturelles, éducatives et caritatives - de la communauté des croyants. »

C’est le rappel de la déclaration Dignitatis Humanae de Vatican II. Il est normal que la religion soit visible publiquement.

« A la lumière de ces considérations, l'hostilité à toute forme d'importance politique et culturelle accordée à la religion, et à la présence, en particulier, de tout symbole religieux dans les institutions publiques, n'est certainement pas une expression de la laïcité, mais de sa dégénérescence en laïcisme. » ibidem

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2006/december/documents/hf_ben_xvi_spe_20061209_giuristi-cattolici_fr.html

Bien mieux, la religion peut être visible dans les institutions publiques, même laïques. Les symboles religieux ont donc leurs places dans les institutions publiques. Vouloir les interdire est une expression de l’idéologie laïciste. Cette idéologie veut reléguer la religion dans la sphère privée. Elle veut de même interdire tout signe religieux public.

La religion a donc son mot à dire aussi dans le domaine politique et culturel. Non pas, naturellement pour dicter leur politique aux dirigeants, ni leurs œuvres aux artistes mais pour « donner un contenu à la liberté ».

Le Christ-Roi n’est pas la dictée d’une politique, mais au contraire fait régner une saine liberté. Il protège cette liberté.

L’encyclique de Pie XI sur le Christ-Roi, Quas Primas du 11 décembre 1925, de sont côté enseigne que le Christ-Roi n'est pas contraire à une saine liberté :

"Si les hommes venaient à reconnaître l'autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables - une juste liberté, l'ordre et la tranquillité, la concorde et la paix -- se répandraient infailliblement sur la société tout entière."

Benoît XVI dans l'avion qui le conduisait en Turquie

« Nous, Européens, devons repenser notre raison laïque, laïciste (…) [et la Turquie doit] réfléchir avec nous sur la façon de reconstruire (…) ce lien (…) entre raison ouverte, tolérante, qui a comme élément fondamental la liberté, et les valeurs qui confèrent son contenu à la liberté. »

Entretien avec les journalistes et cameraman dans l'avion qui l'emmenait à Istamboul le 28 novembre 2006. (Site du Vatican)

Il est donc fondamental pour la laïcité de reconnaître la liberté non seulement des individus, mais encore des sociétés et des cultures. Benoît XVI poursuit en effet (discours sur la laïcité)

L’autonomie de la sphère laïque est une « exigence [...] pleinement légitime : non seulement elle est revendiquée par les hommes de notre temps, mais elle correspond à la volonté du Créateur. C'est en vertu de la création même que toutes choses sont établies selon leur consistance, leur vérité et leur excellence propres, avec leur ordonnance et leurs lois spécifiques. »

« Toutes choses » désigne donc aussi les sociétés et les cultures.

« Ce n'est donc pas l'Eglise qui peut indiquer quelle organisation politique ou sociale il faut préférer, mais c'est le peuple qui doit décider librement des façons les meilleures et les plus adaptées d'organiser la vie politique. Toute intervention directe de l'Eglise dans ce domaine serait une ingérence indue. »

Le Christ-Roi, c'est aussi la liberté et son contenu, car la vérité et la loi morale rendent libre.

Le pape finit en remarquant que le concept de laïcité n’est pas définitivement élaboré :

« Il est alors du devoir de tous les croyants, en particulier les croyants dans le Christ, de contribuer à élaborer un concept de laïcité ». Ce concept doit naturellement rester conforme aux principes exposés.

« Il s'agit de montrer que sans Dieu, l'homme est perdu et que l'exclusion de la religion de la vie sociale, en particulier la marginalisation du christianisme, mine les bases mêmes de la coexistence humaine. Avant d'être d'ordre social et politique, ces bases sont en effet d'ordre moral. » Retour donc au Christ-Roi qui est la base même des sociétés humaines.

Il me semble que l’identité des sociétés et peuples européens peut s’appuyer sur cette légitime autonomie de la laïcité, sans perdre de vue les exigences morales de l’Evangile qui sont d’ailleurs consubstantielles à la culture européenne.

A ce propos, il est vain de s’accrocher à des conceptions surannées, celles notamment qui ont pris corps au XIXème siècle et se sont développées au XXème, et cela en raison des progrès accomplis en matière de droit et de culture notamment : « Chers juristes, nous vivons une période historique exaltante en raison des progrès que l'humanité a accomplis dans de nombreux domaines du droit, de la culture, de la communication, de la science et de la technologie. » conclut le pape.

Je sais que le pape pense, à juste titre, que les Lumières ont été un progrès, un développement du message évangélique.

25.1.07

Le cas de Monsieur Vanneste vu à la lueur des principes protégeant les droits de l'homme

Le droit à la liberté d’expression est un principe qui découle de la dignité de la personne humaine. Réflexion sur la condamnation de Monsieur Vanneste du 25 janvier 2007.

Monsieur Vanneste vient d’être condamné pour la deuxième fois pour injure. La décision n’est pas définitive puisqu’elle peut faire l’objet d’un recours en cassation.

Deux principes, dans toute société normalement constituée, président dans ces matière d’expression 1) la liberté d’expression est le principe, l’exception c’est la limitation dans le cadre de l’abus de cette liberté 2) la présomption d’innocence, l’exception, c'est la condamnation.

« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » dispose de son côté l’article 11 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1789

Et même, ce principe de droit et les événements de la deuxième guerre mondiale ont incité la République à aller plus loin (préambule de la Constitution de 1946) :

"4. Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d'asile sur les territoires de la République." La République Française garantit la liberté d’expression non seulement aux Français, mais encore à tout homme à qui elle offre un droit d’asile sur son territoire, s’il est persécuté en raison de son action en faveur de la liberté.

C’est dire si en France la liberté d’expression est un principe très précieux.

La limitation de la liberté d’expression, ne peut être que de trois ordres : 1) l’incitation à commettre des actes répréhensibles, 2) la diffamation et 3) l’injure.

La gardienne de la liberté d’expression, c’est l’autorité judiciaire. L’article 66 alinéa 2 de la Constitution dispose : "L'autorité judiciaire, gardienne de la liberté individuelle, assure le respect de ce principe dans les conditions prévues par la loi."

La liberté individuelle est donc un principe constitutionnel dont la garde est confiée à l’autorité judiciaire.

Cependant l’injure publique a toujours été réprimée, même avant 2004. Si je dis « Monsieur X est un salaud » je commets une injure. Si je dis « tous les Penzaquois sont des ordures », c’est encore une injure qui s’applique à une catégorie de personnes humaines.

La loi du 30 décembre 2004 a ajouté à la loi du 29 juillet 1881 notamment ce texte sur lequel Monsieur Vanneste semble avoir été condamné.

« Sera punie des peines prévues à l'alinéa précédent l'injure commise dans les mêmes conditions envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap. » Loi du 30 décembre 2004 modifiant la loi du 29 juillet 1881.

L’injure est un « terme de mépris que ne renferme l’imputation d’aucun fait ». la définition n’a pas changé en 2004.

Les juges ont l’obligation de respecter et de faire respecter le principe de la liberté d’expression et de n’appliquer les exceptions que restrictivement, surtout en matière pénale. « Exceptio est strictissimae interpretationis » « L’exception sont d’interprétation très restrictives. »

Puisqu’en matière pénale aussi s’applique ce deuxième principe Art. 9. de la Déclaration du 26 août 1789 :

« Tout homme [est] présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable (…) »

Il me paraît évident que la loi de 2004 ne fait qu’aggraver les peines de l’injure sans avoir changé la définition de celle-ci. La définition de l’injure reste la même.

Il ne faut pas confondre l’injure avec tout jugement de valeur.

Si je dis que l’œuf de lump est inférieur au caviar, il ne me semble pas que j’insulte les marchands d’œufs de lumps.

En revanche si je dis que manger de l’œuf de lump est mauvais pour la santé de l’humanité et que si tout le monde mange de l’œuf de lump, ce sera l’extinction de la race humaine à brève échéance, ce ne sera plus une injure mais une diffamation de la filière de production et de distribution d’œufs de lumps, car il est bien évident que l’œuf de lump est inoffensif pour la santé. Je n’aurais aucun moyen de démontrer le contraire, j’aurais diffamé – quod Deus advertat – la filière des producteurs d’œufs de lumps.

Nous verrons comment se terminera cette affaire, Monsieur Vanneste ayant déclaré qu’il se pourvoyait en cassation, il n’est pas condamné définitivement. On peut considérer qu’il est toujours présumé innocent.

24.1.07

G. Bush défend la vie. La dignité de la personne humaine, fondement du droit à la vie

Par vocation mon blog n'entre pas dans la politique politicienne. Je sais que la politique étrangère du Président Bush est contestée. Mon propos n'est ni d'approuver ni de désapprouver cette politique puisque je m'en tiens au culturel et au juridique, dans la mesure de mes moyens.

Le Salon Beige rapporte les propos du président Bush en faveur de la "march for life" qui s'est tenue au Etats Unis. Il a pris la peine de s'exprimer par téléphone en faveur des manifestants.

On peut lire ses propos en anglais ici :

http://www.whitehouse.gov/news/releases/2007/01/20070122.html

"It is important for all Americans to remember that our Declaration of Independence states that every person has the right to life, liberty, and the pursuit of happiness. (Applause.) It also states that these rights come from our Creator, and that governments are formed to secure these rights for all their citizens. And we believe every human life has value, and we pray for the day when every child is welcome in life and protected into law. (Applause.)"

"Il est important que chaque Américains se souvienne que notre Déclaration d'Indépendance dispose que chaque personne a droit à la vie, à la liberté, et à la recherche du bonheur(applaudissements). Elle dispose également que ces droits viennent de notre Créateur, et que les gouvernements sont institués pour assurer ces droits à tous leurs citoyens. Et nous croyons que chaque vie humaine a une valeur, et nous prions pour qu'advienne le jour où chaque enfant sera reçu dans la vie et protégé par la loi. (applaudissements)."

Le Président Bush entend manifester publiquement son soutien à la "marche pour la vie" américaine qui s'est tenue le 22 janvier.

"Une cause qui trouve sa source dans la dignité humaine, et qui fait appel aux meilleurs instincts de nos concitoyens, ne peut pas échouer." A-t-il également déclaré dans son discours par téléphone de Camp David.

http://lesalonbeige.blogs.com/

Cela est à rapprocher de ce que disait Léon XIII au sujet du devoir des chrétiens :

"47 - Honneur à ceux qui, provoqués au combat, descendent dans l'arène avec la ferme persuasion que la force de l'injustice aura un terme, et qu'elle sera un jour vaincue par la sainteté du droit et de la religion !"

Sapientiae Christianae

Consultable ici

http://www.vatican.va/holy_father/leo_xiii/encyclicals/documents/hf_l-xiii_enc_10011890_sapientiae-christianae_fr.html

La sainteté du droit est fondé sur la dignité de la personne humaine :

"Parce que le Christ est mort pour tous les hommes, parce que tout homme est appelé à devenir enfant de Dieu, toute personne humaine est revêtu d'une dignité immense, et les droits ou moyens que requiert cette dignité sont bien au-dessus de toutes les valeurs terrestres."

Naz "Traité de Droit Canonique" T. 1 p. 11, 1954.

Certains pensent que Vatican II est absolument nouveau dans l'Eglise, ce texte qui est de plus dix ans antérieur à la déclaration Dignitatis Humanae, démontre l'inverse.

La déclaration Dignitatis Humanae du Concile Vatican II du 7 décembre 1965 n'a rien innové, les textes de Jean-Paul II relatifs à cette question de la sainteté du droit et à la dignité de la personne humaine prennent aussi leurs sources dans la tradition de l'Eglise.

Dignitatis Humanae a seulement précisé et souligné des principes parfois oubliés.

Je compte y revenir.

23.1.07

Impossible communautarisme catholique.


Le Salon Beige rend compte d’un article de « Permanences » intitulé « Cathos, vers la dissidence ? ». Cet article fait l’éloge d’une « contre société » ou « micro-société » catholique, il parle de « reconquête » et de « puissance sociale ».

Je pense que cette vision de la vie sociale manque de la distinction entre société publique et vie privé. D’autre part il manque de confiance en le message évangélique qui est destiné à TOUS.

Le message de l’Eglise est universel. Il s’adresse à tout homme. Il s’ensuit que la profession de foi catholique n’est en rien une garantie de faire partie des meilleurs êtres humains ou d’avoir une mission.

La foi catholique est la seule doctrine dont ses adeptes sont nécessairement moralement en dessous de la doctrine qu’ils professent. Tous les chrétiens et même tout le monde est indigne d’être chrétien. Par exemple un marxiste qui ne voit dans l’être humain qu’un peu de matière organisée, sera tous les jours de sa vie infiniment au-dessus de sa doctrine. Un chrétien qui doit aimer, qui doit s’aimer comme Jésus-Christ nous a aimé sera tous les jours de sa vie nécessairement en-dessous de la doctrine qu’il professe.

Il s’ensuit que tout repli sur soi, toute société qui croirait être « plus » catholique ou « meilleur » catholique que d’autres ou même moralement « meilleurs » que d’autres parties de l’humanité, sous prétexte de profession de foi, même commune, serait contraire à la doctrine de Jésus-Christ. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus signait « Religieuse Carmélite Indigne », ce n’est pas pour la forme qu’elle signait ainsi, mais bien parce qu’elle se jugeait indigne d’être carmélite, de même sommes nous tous indignes d’être chrétiens.

Le message du Christ n’exclut personne, absolument personne. Voilà une deuxième raison pour laquelle, il ne peut y avoir ni dissidence, ni communautarisme catholique.

La charité de Christ s’adresse à tous, c’est pourquoi, si tel est notre talent, nous pouvons et nous devons nous occuper de la chose publique. Il ne peut donc y avoir d’émigration de l’intérieur.

Madame Boutin a dit récemment qu’elle ne pouvait participer à la « Marche pour la Vie » parce que, entre autres choses, des femmes qui défilaient avaient avorté ! Quelle erreur consternante (1) ! Ce n’est pas la « pureté » supposée qui est un titre à faire le bien, c’est l’amour ici est maintenant que l’on pour soi et pour les autres. Elle a dit aussi par une erreur symétrique qu’elle n’y participait pas parce que les gens qui promouvaient cette manifestation se croyaient « purs ». Ce n’est pas ce que pensent les gens d’eux-mêmes (qui peut pénétrer dans le for intérieur ?) qui peut les disqualifier, mais l’objet de leur manifestation. Ce deuxième argument est aussi consternant que le premier.

De même, ce n’est pas l’orthodoxie sans tache mais le mandat de la hiérarchie ou du pape pour enseigner qui donne un titre.

Il ne peut y avoir de « micro-chrétienté », de « contre société » catholique. Un catholique participe à la vie commune, il y participe sans se penser meilleur, sans croire qu’il va « enseigner », il respecte tous les autres quels qu’ils soient et quelles que soient leurs croyances ou leurs incroyances.

La question de la famille, des activités privées, de l’école, les groupes de loisirs etc. est évidemment une autre question. Sinon, il faudrait considérer que toute vie privée est dissidente. On choisit ses amis, son conjoint, on assume ses parents et ses enfants et on se détend, on se cultive avec qui l’on veut, (2) cela est évidemment une autre question, mais pour autant on ne va pas se séparer par principe de la vie publique, ce qui serait une désertion.

(1) Je pense que Madame Boutin a dit cela « dans le feu de l’interview » sans bien mesurer les implications de ses arguments.

(2) Bien sûr ces activités privées auront des répercutions publiques, puisque la formation morale se fait dans la famille, mais cela est une autre question.

22.1.07

Essai sur la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948

L’homme est-il toujours en acte doué de raison et de conscience ?

La réponse est évidemment non, si l’homme est un animal raisonnable, il n’est pas toujours doté de raison. En cas de sommeil, d’ivresse, il n’est pas doué de raison.

Il n’est pas doué de raison non plus s’il est trop jeune, ou, parfois, trop vieux. Il n’est pas doué de raison s’il est dans le ventre de sa mère, il ne jouit pas de sa raison non plus lorsqu’il est dément etc.

L’article premier de la déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 dispose :

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »,

D’une part, il serait plus conforme aux droits de l’homme de dire « Tous les êtres humains sont libres et égaux en dignité et en droits » plutôt que « naissent ». En effet, dès avant la naissance l’embryon et le fœtus sont des êtres humains.

De plus,

Cet article est inquiétant sous un certain autre aspect, puisqu’il semble dénier le statut d’être humain à toute personne qui ne serait pas actuellement, en acte « douée de raison et de conscience »

Or l’être humain peut n’être que virtuellement ou « en puissance » doué de raison et de conscience. Il suffit qu’il soit en substance un être humain pour être sujet de droits.

La privation de la raison et de la conscience chez un être humain ne l’empêche pas de rester substantiellement un être humain, c’est-à-dire apte à raisonner et apte à être doté de conscience.

Il me semblerait plus conforme aux données de l’expérience que l’être humain soit défini « il est capable de raison et de conscience » ou « il est actuellement ou potentiellement doté de raison », ou selon la définition de la personne humaine par Boèce : «il est un individu doué d'une nature raisonnable ».

La définition de la déclaration de 1948 semble faire appel à la philosophie idéaliste, selon laquelle l’homme n’est homme que s’il est un être actuellement doté de raison : si « je pense donc je suis » est la seule évidence indémontrable, si je ne pense pas actuellement, je ne suis pas un homme.

Cette définition de l’homme me semble permettre, tolérer introduire l’avortement, l’euthanasie, certaines formes d’eugénisme.

Cela ne veut nullement dire qu'elle serait condamnable dans l'ensemble, elle est au contraire très utile, mais elle devrait être révisée sur certains points et notamment sur sa définition de l'article 1er.

21.1.07

21 janvier 1793, mort de Louis XVI

21 janvier 1793 mort de Louis XVI

Louis XVI est présenté par l’ensemble des historiens comme un homme sans caractère, indécis et plus préoccupé par la serrurerie que par la politique.

Pourtant est l’un des principaux artisans de l’indépendance des États Unis. On l’oublie.

Il signe un traité d’alliance avec Franklin en 1778. Il aida les « insurgents » par des fonds, puis par l’envoie d’une troupe de cinq mille cinq cents hommes en 1880.

Implicitement, il approuve la déclaration du 4 juillet 1776, du moins soutient-il ses partisans. Il amènera l’Angleterre à signer le traité de Versailles du 3 septembre 1783, la forçant à reconnaître l’indépendance des États Unis.

http://www.memo.fr/article.asp?ID=MOD_AME_000

Ces faits historiques qui ont marqué l’histoire du monde sont la gloire de Louis XVI. Curieusement, ils sont ignorés des Français, ou sont attribués à La Fayette (qui n’était qu’un exécutant). Sans doute parce qu’un si grand homme a été assassiné quelques années plus tard par ceux dont il était une des gloires.

C’est sous son règne que fut promulguée en août 1789 la « Déclaration des Droits de l’Homme » certes perfectible, mais inspirée de la déclaration américaine de 1776.

Monsieur et Madame de Coursac

http://roilouis16.free.fr/

ont entrepris de réhabiliter Louis XVI. Reconnaissons que l’image de Louis XVI, lourdaud, balourd, indécis ne cadre pas du tout avec l’épisode de l’indépendance américaine.

20.1.07

Sainteté du droit positif.

Sainteté du droit positif.

L’idée que le droit naturel, surtout le droit naturel primaire prime le droit positif humain est actuellement beaucoup invoquée.

Le droit naturel primaire, c’est notamment le droit qui commande « tu ne tueras pas » (cinquième commandement donné à Moïse) Ce droit naturel primaire ne peut jamais être enfreint.

En revanche le droit naturel secondaire comme par exemple « tu ne voleras pas », n’est pas absolu, il peut être enfreint dans des cas extrêmes : on peut, sans faute, dérober de la nourriture si l’on est en danger de mort.

On peut aussi, sans faute, ne pas rendre une arme dont on pense qu’elle est destinée à un assassinat.

Le commandement qui protège la propriété est un principe de droit naturel secondaire, il est subordonné au droit naturel primaire (droit à la vie).

L’obligation de respecter les contrats découlent des commandements qui défendent de mentir et de voler.

Pourtant lorsqu’on entre dans les détails, tout devient plus douteux. Le vendeur est obligé de payer le prix, mais si la chose livrée présente un défaut important ou un défaut léger mais inapparent ? Peut-il réduire unilatéralement le prix ? Peut-il rendre la chose et exiger la restitution du prix, s’il a payé ? Et si l’un des contractant est vulnérable ?

Il est bien évident que le droit naturel s’il donne le principe de respect de la parole donné et de ne pas faire de tort au prochain, ne donne pas de réponse détaillée sur les questions qui peuvent être controversées, si bien que les législations, sans violer le droit naturel peuvent donner des solutions différentes.

Par un effet de contraste trompeur, on va considérer que le droit positif civil n’est pas obligatoire en conscience. On finit pas considérer qu’ils n’ont aucun caractère contraignant.

C’est une erreur, du fait de la nature sociale de l’homme, le droit positif humain dans tout ce qui concerne notamment les contrats est obligatoire en conscience : si vous voulez savoir vos droits et vos devoirs, lisez le Code Civil.

Naturellement, si le droit positif s’oppose au droit naturel primaire notamment en autorisant l’avortement par exemple, il n’a plus force de loi, encore moins s’il rend obligatoire l’avortement.

Il ne faut pas en conclure pour autant que le droit positif est toujours sans force pour la conscience, sous peine de devenir un asocial.

C’est une application particulière de ce qu’enseigne Léon XIII dans Diuturnum Illud :

Consultable ici : http://www.vatican.va/holy_father/leo_xiii/encyclicals/documents/hf_l-xiii_enc_29061881_diuturnum_fr.html

« C’est l’enseignement formel que l’apôtre saint Paul adressait spécialement aux Romains, lorsque, les instruisant sur le respect dû aux princes, il écrivait ces graves paroles dont l’autorité et l’importance ne sauraient être dépassées : "Que tout homme vivant soit soumis aux puissances souveraines ; car il n’y a de pouvoir que celui qui vient de Dieu, et les autorités qui existent tiennent de Dieu leur institution. C’est pourquoi celui qui résiste au pouvoir résiste à l’institution divine. Et ceux qui résistent de la sorte attirent sur eux-mêmes la condamnation... Soyez donc soumis, cela est nécessaire, non seulement parce que le châtiment vous menace, mais parce que la conscience l’exige ."12 Et le prince des Apôtres, saint Pierre, confirme cette leçon dans ce célèbre passage : "Soyez soumis à toute créature humaine à cause de Dieu : au roi parce qu’il est le premier en dignité ; aux autres chefs, parce que Dieu les a envoyés pour le châtiment des méchants et l’honneur des bons ; telle est, en effet, la volonté de Dieu ."

Il n’existe qu’une seule raison valable de refuser l’obéissance ; c’est le cas d’un précepte manifestement contraire au droit naturel ou divin, car là où il s’agirait d’enfreindre soit la loi naturelle, soit la volonté de Dieu, le commandement et l’exécution seraient également criminels. Si donc on se trouvait réduit à cette alternative de violer ou les ordres de Dieu ou ceux des gouvernants, il faudrait suivre le précepte de Jésus-Christ qui veut "qu’on rende à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu "14, et, à l’exemple des Apôtres, on devrait répondre : "Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes."15 Et il ne serait pas juste d’accuser ceux qui agissent ainsi, de méconnaître le devoir de la soumission ; car les princes dont la volonté est en opposition avec la volonté et les lois de Dieu, dépassent en cela les limites de leur pouvoir et renversent l’ordre de la justice ; dès lors, leur autorité perd sa force, car où il n’y a plus de justice, il n’y a plus d’autorité. »

Notez bien : « un précepte », c’est spécial à ce précepte, les autres préceptes restent donc obligatoires.

19.1.07

Trente ans, ça suffit ! Collectif pour la vie

L'avortement est un échec.

Contre cet échec, il faut promouvoir un respect de la femme et de la femme enceinte en particulier.

La lutte contre l'avortement se fera surtout et d'abord dans les mentalités. Présenter l'avortement comme un droit pour la femme, c'est condamner celles qui n'usent pas de ce "droit" dans certaines conditions. C'est donner un argument aux "conseilleurs", la mère de la femme souvent, ou le père de l'enfant.

Exemples si une femme est dans la misère ne pas avorter lui sera reproché. Si son enfant est handicapé, cela lui sera reproché.

Il faut donc que l'avortement ne soit pas un droit.

Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, les conseilleurs d'avortements ne sont pas les payeurs des traumatismes que cela provoque chez les femmes.

En aucun cas, l'avortement ne peut apparaître comme un acte favorable à la mère.

Pour lutter contre ce fléau, une manifestation est organisée le 21 janvier.

Pour les détails, merci de cliquer sur le lien ci-dessus.

Le cardinal O'Connor archevêque de New York témoigne, en citant une lettre d'une fidèle :

"J'ai beaucoup lutté contre les séquelles de mon avortement. Mes essais précédents de réconciliation étaient demeurés sans succès. Mais cette fois, la différence fut la révélation absolue et totale du bébé détruit. Ce n'était plus seulement un "petit morceau de tissu" ou "un peu de sang" qui cessait d'exister. Toute la peine que j'ai éprouvée pendant ces années convergeait vers cet être humain jamais né, écarté, refusé. Ainsi, lorsque vous m'avez dit: "vous pouvez donner un nom à votre bébé", quelque chose a changé en moi. Je n'oublierai jamais ces mots, parce que ce petit être est devenu un bébé, récupéré de la poubelle dans laquelle il avait été jeté si brutalement. Merci de l'avoir reconnu, merci de m'avoir aidé à le retrouver, de lui avoir rendu la dignité que je lui ai refusée. Maintenant, sachant qu'on a pris soin de lui, qu'il a été retiré des profondeurs et élevé jusqu'à l'amour de Dieu, je me sens un peu mieux. Je l'ai appelé Mathieu-Joseph. J'espère que vous prierez pour lui.
J'ai un autre remerciement à formuler: merci de représenter aussi bien Jésus-Christ, du moins à mes yeux".

Consultable ici :

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/hlthwork/documents/rc_pc_hlthwork_doc_23071997_oconnor_fr.html

Le Cardinal poursuit et, paradoxalement, il poursuit en recommandant une saine déculpabilisation de l'avortement :

"La femme qui a livré ses enfants à la mort, quelles qu'en soient les raisons, confuses ou imposées, a un besoin désespéré d'être convaincue, plus que n'importe quelle autre au monde, qu'elle est pardonnée, non pas par un conseiller, non seulement par elle-même, mais par Dieu. Ces mères doivent arriver à croire que Dieu les aime, malgré tout, ou dans un sens plus mystérieux, même à cause de leur faiblesse. Elles doivent s'imaginer debout avec Marie, au pied de la croix, unissant la crucifixion de leur enfant à celle de l'Enfant de Marie. Elles doivent savoir qu'en ayant partagé sa crucifixion, elles partagent son pardon, que c'est pour chacune d'entre elles qu'il parle lorsqu'il dit à son Père: "Père, pardonne-leur: car elles ne savent ce qu'elles font". Elles doivent savoir que c'est à chacune d'elles qu'Il a promis, de la croix: "Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le Paradis".

Le cardinal recommande de reconnaître la faute pour la savoir pardonnée. Le projet Rachel a pour but d'empêcher le tourbillon dans lequel s'engage certaines femmes, de leur apporter la paix et d'éviter la récidive.

17.1.07

L'Inquisition contre le fanatisme

Ah, en voilà une titre provocateur ! L'Inquisition n'est-elle pas le modèle de toute "police de la pensée" et donc de tout fanatisme ?

Les sanctions extrêmement rigoureuses contre les "hérétiques", dont notamment la peine du feu nous font, à juste titre, horreur. Encore que la rudesse des moeurs de l'époque doivent nous inviter à ne pas juger avec notre mentalité.

Mes filles m'ont offert "Le Guide de l'Inquisiteur" Editions Les Belles Lettres dans la collection Les Classiques de l'Histoire de France au Moyen Age fondés par Louis Alphen et publiés sous le patronage de l'Association Guillaume Budé. (réédition 2006 de celle de 1926)

L'auteur du livre, écrit en latin est Bernardus Guidonis, évêque et inquisiteur.

Ce livre fut écrit environ en 1324. Le titre de "Manuel de l'Inquisiteur" est du XXème siècle, le vrai titre est "Méthode, Art et Procédés à Employer pour la Recherche et l'Interrogatoire des Hérétiques des Croyants et de leurs Complices."

Il semble qu'il ait été écrit alors que Guidonis allait quitter sa charge. Il aurait voulu laisser un résumé à son successeur pour l'aider dans sa tâche.

C'est, en quelque sorte, un manuel de police religieuse.

On sent chez Guidonis un esprit de traque, d'extirpation des fauteurs de troubles dans l'Eglise. Il est inquisiteur sans état d'âme. Il se livre avec détermination à sa tâche.

Que cherchait donc à extirper de la société ecclésiale Guidonis : l'hérésie, certes, mais encore la superstition et le fanatisme.

Ne s'embarassant pas pour son livre de données théoriques, il décrit cinq hérésies ou groupes d'hérétiques.

A titre d'exemple, il traite des "Spirituels" ou "Béguin. C'étaient des franciscains extrêmistes.

Saint François, mort en 1226, avait prescrit de ne faire aucune provision. Des franciscains avaient demandé à être dispensé de cette règle trop contraignante ; le pape avait accordé la dispense.

Les "Spirituels" n'acceptaient pas cette dispense. A la suite de cette révolte, en 1318, quatre frères Mineurs (franciscains) "Beguin" ou "spirituels" avaient été condamnés à Marseille et probablement brûlés comme hérétiques.

Les Béguins, révoltés par cette condamnation, concluaient : "Si le seigneur pape (...) approuve cette condamnation (...) il a perdu la puissance pontificale ; il n'est plus pape (...) le siège est vacant" (t. 1, p. 129) Ce que n'acceptait évidemment pas Guidonis qui agissait sur délégation du pape.

Il raconte aussi l'histoire d'un autre fauteur de trouble, chef d'une secte mystique, le nommé Dolcino et sa compagne Marguerite.

Dolcino se prétendait élu de Dieu et avait écrit des épîtres dans lesquelles, selon Guidonis, il déraisonnait abondamment (copiose delirans)

Guidonis décrit Dolcino :

"Ledit Dolcino a groupé dans sa secte et hérésie plusieurs miliers de personnes des deux sexes, surtout en Italie, Toscane et régions circonvoisines. Il leur a transmis une doctrine empestée et mu d'un esprit, non point de prophétie, certes, mais de fanatisme et de folie."

La définition de cet esprit par les mots de "fanatisme" et de "folie" était d'ailleurs exacte. Dolcino était vraiment un sectaire et un fanatique. Reste à savoir si la répression était adéquate et si livrer au bras séculier de pauvres bougres fanatiques était la réponse à leur fanatisme ?

La réponse, aujourd'hui est franchement "non". L'Eglise a d'ailleurs, renoncé définitivement à ces méthodes puisque l'Inquisition a été supprimée au début du XIXème siècle, après, d'ailleurs que l'Inquisition se soit notablement adoucie au fil du temps.

Quoiqu'il en soit, il est curieux de constater que les "Lumières" n'ont donc pas inventé les notions de 'fanatisme" et de "sectarisme", car elles se trouvaient déjà dans les documents... des inquisiteurs.

15.1.07

Tout individu est ineffable

"Tout individu est ineffable" était paraît-il un adage de la scolastique.

"Individu", c'est que qui ne peut être divisé sans perdre sa substance. Un chien sera toujours "ce" chien et pas un autre, on ne peut le diviser pour avoir deux chiens. La question du clonage n'est pas une objection puisqu'on aura deux individus et non un seul.

A rapprocher de la liste des dix catégories d'hier, on s'aperçoit que bien sûr chaque catégorie peut connaître une infinité de données.

Exemple : la quantité. Rien qui ne semble plus facile à cerner. Il semble qu'en quelques lignes tout sera dit du chien que vous rencontrez pendant votre promenade. Et pourtant quand vous aurez son poids, sa masse, sa taille au garrot, en haut de la tête, ses pattes leurs longueurs, leurs largeurs, ses yeux, son poitrail, ses dents, son cœur etc... Vous n'aurez presque rien dit de l'aspect quantité de cet individu... On voit bien que vous n'en finirez jamais. Car après avoir tout mensuré, il faudrait encore parler des rapports de ces quantités entre elles, puis par rapport aux mensurations des être vivants, des mammifères, de l'espèce, de la race, du sexe et encore et encore d'autres critères.

Donc même dans la seule catégorie de la quantité un individu est ineffable. Que sera-ce alors dans la catégorie "qualité" ? Et des autres catégories. On n'en finira jamais de parler de cet individu, et même il est impossible d'en parler complètement, exhaustivement. Tout individu est ineffable.

C'est la même vérité exprimée autrement, lorsque Gilson fait remarquer que tout discours opère une section, une sélection dans la réalité. Le discours ne dit qu'une infime partie de la réalité qu'il exprime. Le discours c'est une petite partie, prélevée dans une petite cuillère, de l'océan de la réalité. Cela ne veut pas dire qu'il n'est pas une partie de la réalité, mais une petite partie et même une infime partie.

Cela condamne aussi les doctrines, les théories qui auraient la prétention de rendre compte de la totalité de la réalité, de la totalité du monde.

Monsieur Dupont-Aignan dans son livre "Etre et Parler français" cite Claudel, qui aurait dit "ce que vous pouvez apporter de meilleur au monde, c'est vous" Il emploie ce mot pour nous encourager à parler français parce qu'il nous dit que ce qui peut le plus enrichir le monde, c'est notre identité.

Si l'on passe du domaine de la culture au domaine individuel, il est bien évident qu'un être humain qui est constitué surtout par sa possibilité de penser, est encore plus ineffable qu'un chien.

Sa pensée qu'il pourra communiquer par sa langue, par son discours, elle est aussi ineffable.

C'est pourquoi la liberté de penser est le principe social qui fonde une société bien constituée. Bien sûr, il ne s'agit pas d'une liberté de pensée qui délierait le discours de la réalité (sauf fiction ou poésie) ou du respect dû aux autres, mais d'une liberté intimement liée au fait que le discours, lui aussi, est impuissant à exprimer la totalité de la pensée que tout discours exprime une pensée ineffable dans sa totalité.

Donc "vive les blogs", exprimez-vous pour vous, et aussi pour les autres, car ce que vous pouvez apporter de mieux au monde, c'est votre pensée.

13.1.07

Les dix catégories d'Aristote

Les dix catégories sont

1) la substance
Et les accidents soient :
2) la qualité
3) la quantité
4) la relation
5) l'action
6) la passion
7) le temps
8) le lieu
9) la position
10) l'avoir »
C’est par exemple si je parle de mon voisin :
Substance : il est un être humain.
Qualité : il est généreux et travailleur
La quantité : il mesure 1 m. 75
La relation : il est marié à Madame Y
L’action : il monte l’escalier
La passion : il est essoufflé
Le temps : il est dix-huit heures le 8 janvier 2007
Le lieu à Aix en Provence
La position : il est debout
L’avoir : il a une voiture
Selon Aristote les dix catégories divisent l’être. Autrement dit lorqu’on parle de quelque chose ou de quelqu’un on l’aura décrit de façon satisfaisante, au moyen de ces dix catégories.
Selon Monsieur Madiran, Kant prétend que les dix catégories telle qu'Aristote les énonce, sont arbitrairement fixées à dix.

Ainsi elles auraient pu être quatre, ou bien vingt-cinq. Ainsi, si je peux me risquer à donner un exemple la quantité aurait pu être dissociée en hauteur, longuer, profondeur, poids...

Monsieur Madiran écrit à ce propos (préface aux PRINCIPES DE LA REALITE NATURELLE)

"les dix catégories ont été énoncées par Aristote. Il en donne la liste sans expliquer comment il y est arrivé et sans exposer ses raisons. C'est pourquoi certains y ont vu une nomenclature empirique, établie "au petit bonheur", "sans suivre aucun principe", disait Kant, et donc susceptible d'être modifiée. Cependant tout indique qu'Aristote, considérait comme certain qu'il existe dix catégories, et dix seulement, et qui sont celles-là. Saint Thomas en a fait la démonstration dans son commentaire du troisième livre physique et du cinquième livre métaphysique d'Aristote."

"Les dix catégories sont les dix genres premiers ; elle ne sont pas les diverses espèces d'un même genre, car ce qui leur est commun leur est commun non pas d'une manière univoque mais d'une manière analogue : c'est l'être, qui n'est pas un genre. Pour cette raison, la substance et les accidents ne sont pas susceptibles d'une définition "intrinsèque essentielle" par le genre prochain et la différence spécifique."

"La substance et l'accident ne possèdent pas également l'être. Ce qui est, c'est la substance (première), c'est le sujet individuel. Et l'accident n'existe que par et dans la substance." [fin de citation]

L’œuvre d’Aristote est en partie perdue (nous n'avons que les titres de certains de ses ouvrages), on ne saura pas s’il a ou non traité de cette difficulté.
Mais ces dix catégories sont relatives à la première opération logique de l'esprit humain, qui aboutit à la "définition", ou selon Maritain à la "conception" ("Eléments de philosophie" II "Petite logique").

Mise à jour du 8 juin 2016: je recommande à mes lecteurs le site du CEGEP (Québec). Consultable en cliquant sur ce lien qui donne un "Lexique de logique" : http://www2.cegep-ste-foy.qc.ca/freesite/index.php?id=15903

Ce lexique est très clair. Il permet de mieux saisir la signification et la portée de ces notions replacées dans leurs contextes et soigneusement noyées dans des discours fumeux par l'Éducation nationale française.

11.1.07

"Etre et parler français" de P.-M. Coûteaux

« Etre et parler français » de Paul-Marie Coûteaux.

Monsieur Paul-Marie Couteaux est un partisan de la francophonie et adversaire du parler anglais. Il est encore plus un partisan de la France. C’est un gaulliste convaincu. Il est directeur de « L’Indépendance » et a publié « De Gaulle Philosophe » et « Ne laissons pas mourir la France »

Curieux quand même que pour un amateur de la France et de la langue française le titre soit un solécisme. En effet le terme unique de « français » est employé en deux sens différents à la fois. Il ne peut y avoir, si mes souvenirs sont bons, construction par l’emploi d’un seul terme en deux sens. Il aurait fallu écrire « Etre Français et Parler français » Et cela d’autant plus que le termes est deux. « Français » et « français » sont deux termes différents et là il n’y en a qui doit suppléer par allusion, le défaut du terme « Français ».

A moins que, plus vraisemblablement, l’auteur ait voulu signifier qu’il s’agissait d’être tout court, et de parler français. Dans ce cas, je ne vois pas le rapport entre ce terme très général d’ « être » et celui spécial, de « parler français ». Bien d’autres langues existent et sont parlées par des ETRES humains, ils n’en sont pas moins des êtres, sans parler français. C’est aller trop loin que d’écrire que notre être est exclusivement constitué par notre culture. Notre culture (de plus non absolument originale) n’est qu’un des éléments de notre être.

D’une façon générale les propos du livre sont, selon moi, excessifs, surtout dans ses conclusions.

Monsieur Coûteau souligne l’importance de la langue maternelle dans la formation de l’esprit. Selon lui, la langue nous permet de penser, et, certes, c’est vrai. Mais également, la pensée nous permet de parler. Les deux sont vrais.

L’auteur souligne que, selon lui, l’on ne peut avoir deux langues maternelles. La langue maternelle est nécessaire à la structuration de la pensée. La langue maternelle est celle dans laquelle nous traduirons les autres langues. Ces langues étrangères que nous ne possèderont jamais comme notre langue maternelle.

Certains grands auteurs pourtant ont pu être grands dans deux langues (Giorgiu en roumain et en français, Julien Green et Etienne Gilson en anglais et en français et bien d’autres…)

La langue nous fait. Notre être, notre pensée dépendent de notre langue.

La chance de parler français est une chance pour nous autres. Le français est aussi une chance pour l’humanité. Je pense que des écrivains se sont mis à écrire en français alors qu’ils avaient une langue maternelle différente, parce que le français est une merveille pour l’expression et l’élaboration de la pensée. Il explique clairement, il a un souci d’ordre et de clarté qui est, je crois, sans équivalent. Chaque langue a son génie, je dénigre, en disant cela, aucune langue dans le monde. Mais le français est un joyau.

En page 324 Monsieur Coûteau raconte : « L’autre jour, je m’amusais, on s’amuse comme on peut, à regarder le programme de concours d’attaché d’administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur la Princesse de Clèves. Je ne sais pas cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu’elle pensait de la Princesse de Clèves ! » (…) et Monsieur Coûteaux commente : « faire rire une salle en moquant la langue classique est un crime contre la nation. Quant à l’idée que l’Ecole n’enseigne plus que le nécessaire économique, qu’elle ne fait pas des Français, mais un agent économique, qu’elle ne fait pas des Français, mais un agent économique, guichetière, ingénieur informaticien, c’est pis qu’un crime, c’est une erreur de grande envergure. »

On ne peut être que d’accord avec Monsieur Coûteaux sur la nécessité de la culture générale française pour faire d’abord de bons Français qui seront de bons agents économiques. L’éducation américaine qui néglige la culture générale ne fait pas toujours de bons agents économiques.

Mais je le trouve un peu excessif, sa pensée aurait besoin de se modérer et de se clarifier.

Notre ministre de l’éducation a récemment décidé que l’anglais ne soit plus enseigné qu’après le cours élémentaire. Il a peut-être été influencé par le livre de Monsieur Couteau.

« Etre et parler français » Librairie Académique Perrin 2006 397 pages.

10.1.07

Réflexions sur le" bébé médicament".

Un bébé-médicament ou un bébé double espoir, qu’est-ce ?

Déjà le Code de la Santé Publique permet à des parents qui ont eu recours à la fécondation in vitro de permettre que soit poursuivies des recherches sur l’embryon atteint (ou prétendument atteint) d’une maladie à des fins de « recherches ».

Or les parents n’ont aucun droit à disposer de la vie et du corps de leur enfant. Il leur est confié, mais c’est n’est pas au sens de « propriété » par « leur enfant ».

En l’occurrence, le bébé médicament, c’est un processus à étape.

D’abord, un enfant malade, d’une maladie génétique, c’est-à-dire d’une maladie inscrite dans les chromosomes. Donc la décision de mettre au monde un enfant conçu pour permettre un prélèvement susceptible d’améliorer la situation de santé de son frère ou de sa sœur handicapé.

Dès la décision prise par les parents, et l’accord des médecins spécialement désignés pour pratiquer ce genre de processus, on va passer à la réalisation.

En « un »la conception in vitro de plusieurs enfants.

En « deux », c’est la sélection d’un embryon en fonction de son patrimoine génétique. Et donc, c’est la destruction des autres frères et sœurs.

En trois, c’est l’implantation de l’embryon dans l’utérus de la mère. Et donc la grossesse et l’accouchement.

C’est alors un prélèvement, qui peut être douloureux, sur le bébé d’une substance susceptible de soigner l’aîné handicapé.

Rien ne se fait sans l’accord des parents et des médecins spécialisés.

On peut s’interroger sur la fécondation in vitro, avec tout ce que cela comporte, mais ce n’est pas ici mon propos.

L’intention des parents ne semble pas moralement condamnable : avoir un enfant pour qu’il vienne en aide à son aîné, n’est pas moins bien que de l’avoir par hasard ou par amour.

Cependant, on peut surtout s’interroger sur le prélèvement fait sur un enfant incapable de donner son consentement. S’il s’agit d’un prélèvement douloureux et ou risqué, il est inadmissible que d’autres que lui décide, seraient-ils les parents.

Des solutions plus humaines existent :

« Mais que proposer aux familles confrontées aux souffrances d’un enfant qui a urgemment besoin d’une greffe de moelle ? Il faut trouver dans le monde un donneur compatible ! C’est difficile actuellement, mais c’est possible, et certainement moins coûteux en vies humaines que la technique des « bébés-médicaments ». Pour couper court à tout eugénisme, il convient de développer les registres de donneurs et d’encourager les gens au don d’organe, de sang et de moelle osseuse. Le don de moelle osseuse d’un adulte compatible rendrait en effet inutile le recours aux « bébés-médicaments »

le diocèse de Bâle en Suisse consultable ici :

http://www.bistum-basel.ch/seite.php?na=1,1,0,60573,f

donne une bonne analyse valable pour tous.

L’être humain est sacré, serait-il faible, petit, sans influence. Toute forme de disposition le concernant sans son consentement est inadmissible. C’est faire revivre l’esclavage où l’autre est considéré comme une chose.

Je crois beaucoup à un argument, selon moi imparable : si vous acceptez d’enfreindre ces principes, vous risquez que cela vous soit appliqué demain. Vous n’aurez aucun argument pour vous y opposer. Si la force vous fait défaut, vous ne pourrez même plus parler à l’intelligence des criminels, car vous vous serez disqualifié par vos prises de position.

9.1.07

Du nouveau en matière de droit de succession

Du nouveau en matière de droit de succession.

On sait que le gouvernement a en projet la suppression des droits de successions. Sans doute est-ce une première disposition dans cette direction.

Une nouvelle disposition est insérée dans la loi de finance du 21 décembre 2006 :

« L'article 775 bis du code général des impôts est ainsi rédigé :

« Art. 775 bis. - Sont déductibles, pour leur valeur nominale, de l'actif de succession les rentes et indemnités versées ou dues au défunt en réparation de dommages corporels liés à un accident ou à une maladie. »

Il était choquant que les sommes perçues pour une infirmité ou une maladie soient lourdement taxées.

Ainsi celle ou celui qui bénéficie d’une rente ou d’une indemnisation ou qui pourrait en bénéficier (imaginons un accidenté de la route décédé avant l’aboutissement du procès, procès poursuivi par les héritiers) lèguera une somme qui ne sera pas soumise aux droits de succession.

Cette rente ou ce capital qui aura pu être perçu ou qui restera à verser pourra provenir non seulement d’un accident, mais encore d’une maladie. Ainsi celui qui sera assuré contre la maladie auprès d’une compagnie d’assurance et qui aura perçu une rente ou un capital verra cette somme déduite pour son montant nominal de la succession.

En l’occurrence, cela semble exclure le « remploi » des fonds. Supposons une indemnisation en 2000 pour un montant de 100 000 €. Cette somme est placée dans un immeuble qui au jour du décès en novembre 2006 vaut 500 000 €, la somme déduite du montant de la valeur du patrimoine transmis sera de 100 000 € (montant nominal).

Il est donc du plus grand intérêt de garder précieusement les documents afférant à ses dossiers de façon à pouvoir les déposer chez le notaire chargé de l’établissement de la déclaration de succession, ou si l’on se sent capable de procéder soi-même à cette déclaration, les garder dans ses propres papiers.

8.1.07

L'industrie du bébé génère des milliards de dollars de chiffre d'affaires

L’industrie de la production d’enfants.

Je prends connaissance d’un article de Genethique reprenant un texte de Courrier International à propos d’un livre (The Baby Business) que Madame Debora Spar, professeur à la Harvard Business School, vient de publier.

« Cet ouvrage, étayé de chiffres, montre l’importance du marché de l’assistance médicale à la procréation (AMP) – fécondation in vitro (FIV), dépistage prénatal (DPN), dépistage préimplantatoire (DPI)…- aux Etats-Unis, secteur très peu contrôlé. » fait observer genéthique.

On peut lire l’article ici :

http://www.genethique.org/

On apprend ainsi qu’au Etats Unis d’Amérique l’industrie de la fertilité génère trois milliards de dollars de chiffre d’affaires.

Que certaines cliniques américaines facturent dix mille dollars la congélation d’ovocytes pour un an (ovocytes = gamètes de femme) qui se commercialisent ensuite. Une femme peut vendre ses ovocytes. Les tarifs, c'est "pièce" entre deux mille cinq à cinquante mille dollars, selon sans doute la valeur génétique de la productrice-vendeuse.

Cette dernière, moyennant finance, devient mère d’un enfant porté par une autre qui se fait passer pour la mère auprès de l’enfant. Or la mère apparente a acheté le gamète à une autre femme qui est la véritable mère.

Tous ces trafics devraient être évidemment rigoureusement interdits. Ne serait-ce qu’au titre de l’interdiction du trafic des êtres humains.

Le corps de la femme n’est pas une chose dans le commerce. Une femme ne peut payer ou être payée pour porter l’enfant d’une autre.

Le regretté Jean-Paul II dans Evangelium Vitae a enseigne :

« La même condamnation morale concerne aussi le procédé qui exploite les embryons et les fœtus humains encore vivants — parfois « produits » précisément à cette fin par fécondation in vitro —, soit comme « matériel biologique » à utiliser, soit comme donneurs d'organes ou de tissus à transplanter pour le traitement de certaines maladies. En réalité, tuer des créatures humaines innocentes, même si c'est à l'avantage d'autres, constitue un acte absolument inacceptable. »

Du site :

http://www.vatican.va/edocs/FRA0204/__P4.HTM

Selon généthique pourtant : Pour Debora Spar, si « personne ne veut imaginer qu’un enfant puisse être un produit », il faut se rendre à l’évidence : « nous usons d’euphémisme pour masquer ce qui se passe vraiment ».

L’enfant « produit », c’est ce que vient d'autoriser le gouvernement avec les bébés-médicaments.

Je tâcherai de donner demain la définition du « bébé-médicament ».

Pour aujourd’hui constatons que les droits de l’homme sont régulièrement et officiellement bafoués par l’industrie de la production des bébés.

7.1.07

Deuxième cas connu de canibalisme dans une prison française

Le journal "Le Parisien" rapporte dans son édition du 6 janvier 2007, un nouveau cas de canibalisme dans une prison française.

Déjà en juillet 2004, un détenu, un certain Mohamed B., avait partiellement mangé un codétenu Mohamed B. partageait sa cellule avec sa future victime alors qu'il avait été condamné à trente ans de prison pour acte de barbarie,.

Le 2 janvier 2007, Nicolas C., un enfant adopté devenu mendiant à 70 € par jour (la mendicité rapporte) est sans doute l'auteur de faits similaires.

Il avait fait l'objet d'une condamnation pour vol avec violence et attendait d'être jugé pour tentative de viol.

Malgré cela les psychiatres avaient jugé qu'il ne "présentait pas de dangerosité" (sic)

Nicolas C. s'était, depuis peu, intéressé au satanisme. Son codétenu Baudry a été partiellement dévoré.

Ces deux cas connus, démontrent la grande détresse des prisons.

Après Outreau, après le canibalisme, après les viols en prison, il semble urgent de réformer, l'institution pénitentiaire et l'institution judiciaire.

Humaniser les prisons, permettre le placement des individus dangereux par les quartiers d'isolement (un seul détenu par cellule), semble être la voie.

En effet dans le cas de Nicolas C., Nicola C. lui-même, son avocat, le juge d'instruction avaient demandé son placement à l' "isolement". Le manque de place a dû l'empêcher.

L'horreur a été la suite de cette cohabitation.

6.1.07

Le Cardinal Ratzinger : pour comprendre Vatican II lisez la liturgie d'avant Vatican II

En lisant le Cardinal Ratzinger.

Comme le cardinal Ratzinger est devenu pape, je me fais un devoir de le lire. De plus c’est souvent un régal de curieux, car sa prose ne se laisse pas facilement dominer, mais elle est joie et ravissement.

Comme j’ai passé le nouvel An dans un monastère, j’ai remarqué que les sœurs vendaient quatre ou cinq ouvrages de l’ex-cardinal, actuellement pape. J’ai acheté « Entretien sur la Foi » édité chez Fayard en 2005 : la réimpression d’un ouvrage de 1985.

Le livre est une traduction d’une très longue interview en langue allemande par un journaliste Italien Vittorio Messori. Le texte de l'inteview a été traduit en français sous la direction du Cardinal Gagnon.

Le cardinal Ratzinger n’est pas un conservateur ni un progressiste, il est, il pense. Ainsi, au milieu des critiques du mouvement lefebvriste, je tombe sur une critique de la nouvelle liturgie, de la messe dite « de Paul VI ».

P.p. 55 et 56, le Cardinal Ratzinger fait observer que le concile Vatican II parle de la « fidélité de l’épouse du Christ » qui n’est pas mise en question par l’infidélité de ses membres » (souligné par moi)

Et ici pour expliquer ce que veut enseigner le Concile Vatican II, il invoque… la liturgie traditionnelle. Il va jusqu'à faire remarquer que la liturgie de Paul VI, dans ses traductions, est moins nette.

Citation :

« Mais pour m’expliquer encore mieux, je me rapporterai à la formule latine que la liturgie romaine faisait prononcer au célébrant à chaque messe, au « signe de paix » qui précède la communion. Il disait cette prière : « Domine Jesu Christe (…) ne respicias peccata mea, sed fidem Ecclesiae tuae » - « Seigneur Jésus-Christ, ne regarde pas mes péchés, mais la foi de ton Église ». Aujourd’hui, dans beaucoup de traductions en langue profane de l’Ordinaire de la messe, la formule a été changée de je au nous : « Ne regarde pas nos péchés ». Un tel changement paraît anodin alors qu’il est d’une haute importance. »

Suit alors une démonstration que je vais tenter de résumer. Ce qui compte, c’est notre amélioration personnelle, notre conversion car nous sommes pécheur, alors que la foi de l’Eglise est immaculée. Église sainte est composée de pécheurs, du pape au plus obscur laïc, tous pécheurs. La foi de l’Eglise est collective, on « croit ensemble avec toute l’Eglise » mais on pèche individuellement.

Tout en soulignant que la nouvelle formule (« nos péchés » au lieu de "mes péchés") peut être interprétée correctement. Mais cette formule nouvelle entraîne des dérives dont les conséquences sont « graves ». Et il conclut sur la nécessité de souligner que l’Eglise n’est pas nôtre, mais de Dieu. (p. 59)

Ce qui est frappant à lire ce passage, c’est que le cardinal, tout en confessant la rectitude au regard de la foi de la nouvelle liturgie, même traduite abusivement, affirme que l’ancienne liturgie préservait (ou préserve puisqu’elle est toujours célébrée dans l’Eglise) des affirmations aventurées, mieux que les nouvelles traductions.

Donc, pour comprendre plus facilement Gaudium et Spes de Vatican II, il faut connaître la liturgie romaine traditionnelle.

C'est ce qu'affirmait le cardinal Ratzinger en 1985.

3.1.07

Le droit au logement opposable

Le droit au logement « opposable ».

Le droit au logement décent fait l’objet de différentes déclarations de droits de l'homme, notamment celle de l'ONU ou dans la charte sociale du Conseil de l'Europe modifiée en 1996 dans son article 31 a tenté de rendre le droit au logement effectif.

Voir sur ce point : Dr Padraïc Kenna et Marc Uhry

consultables ici

www.feantsa.org/files/housing_rights/articleASH-COE.doc%203.doc

Jacques Chirac dans ses vœux aux Français du 31 décembre 2006 a parlé de droit au logement opposable.

« pour mettre en place un véritable droit au logement opposable, c'est-à-dire faire du droit au logement une réalité. Et je demande au Gouvernement d'avancer sur ce point dans les toutes prochaines semaines. »

consultable ici :

http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/discours_et_declarations/2006/decembre/voeux_aux_francais_allocution_du_president_de_la_republique.68961.html

Qu’est-ce que l’opposabilité d’un droit ?

Exemple : Si une déclaration ou une convention des droits de l’homme stipule que les hommes ont droit à un procès équitable. Ce droit est opposable aux juridictions. Si je suis jugé j’ai droit à savoir ce qu’on me reproche, à avoir un avocat, à avoir le temps de préparer ma défense etc. L’opposabilité est ici relativement facile à saisir, je peux opposer mon droit aux juges.

En revanche, si le droit au logement est proclamé comme un droit, mais que je ne peux obliger personne à le respecter mon droit ne me sert à rien. J’ai un droit, mais je ne peut l’opposer à personne.

L’opposabilité d’un droit, c’est, pour un droit, de « faire sentir ses effets à l’égard de tiers » (Vocabulaire Juridique Gérard Cornu PUF 1987). Aujourd’hui mon droit au logement est opposable à celui qui voudrait me priver de ce droit, certes.

Mais si je suis privé de logement, je ne peux assigner personne pour lui faire reconnaître que j’ai un droit à être logé.

L’idée est de faire pouvoir respecter ce droit par une action contre l’Etat.

La mise en œuvre de l’opposabilité de ce droit à la collectivité pose des problèmes : on peut imaginer, un loyer fonction non plus du revenu (on ne vous loue rien si vous ne justifiez d’un revenu suffisant), mais fonction des besoins de la famille. Le système serait de faire payer un minimum calculé en fonction des revenus de la famille et de faire prendre en charge le surplus par la collectivité. Au moins en partie ce problème est plus ou moins résolu par le système des APL, de l’Allocation Logement etc. L’amélioration consisterait à garantir le paiement du loyer au propriétaire, de façon qu’il ne refuse pas le demandeur en raison de revenus insuffisants.

Mais tel qu’il est envisagé, ce droit au logement laissera intact le problème des SDF, au moins de la plupart.

Les « sans-abris » aujourd’hui posent souvent plus

1) un problème de maladie mentale (induite pas les conditions de vie) où le SDF n’est pas à même de même demander que l’on respecte son droit

2) un problème d’environnement lorsqu’on offre des logements, ceux-ci sont matériellement relativement décents, mais sont inhabitables du fait de l’insécurité.

Un jour j’ai pris en stop un SDF. Il avait plus de vingt-cinq ans et n’avait pas demandé le RMI. Il vivait de mendicité. Je lui ai conseillé de le faire demander par une assistante sociale. L’a-t-il fait ? Je ne sais. Mais, d’après ce que j’avais tiré de notre conversation, son problème était surtout celui d’un abandon moral par ses parents.

Rejetés par leurs familles, ou alors accidentés de la vie ce n’est le droit au logement opposable qui résoudra leurs difficultés. Je pense à cette émission vue sur Internet. Cet ouvrier devenu SDF à la suite de la mort de sa femme et de sa fillette renversées par une voiture. Comme souvent dans les familles ouvrières, c’est à la femme qu’incombent les aspects administratifs du ménage. Du fait de la disparition brutale de toute sa famille, il avait « décroché » et était devenu SDF. C’est d’autant plus topique que la disparition des siens dans cet accident lui ouvrait droit, en tous les cas, à une indemnisation. Il ne l’avait pas demandée, évidemment.

Autre cas : Une femme avait été rejetée par sa famille. Pour elle aussi ça a été la rue. Elle avait l’air gentille, trop sans doute, avec son sourire sans dents et sa larme facile.

Ce sont des exemples.

Ce genre de cas ne sera pas résolu par un droit au logement opposable, parce que la question est familiale. La solution incombe à la famille ; et si la famille est défaillante ? Elle devrait incomber à des œuvres sociales.

Sans doute, là aussi, c’est l’éducation morale qui pourrait faire disparaître ou au moins rendre plus rares, ce genre de problèmes. On ne peut pallier que très difficilement les carences de la famille.

Le droit au logement opposable ne résoudra pas tout le problème des "sans abris" ou des "sans domicile fixe".