7.10.07

7 octobre 1571 bataille de Lépante

Récit de Gustave Hubault "Histoire Générale et notions sommaires : Librairie Delagrave, huitième édition sans date (vers 1892)

En 1571 ce fut la flotte chrétienne qui prit l’offensive. Cette flotte était composée de soixante-dix galère espagnoles commandées par l’infant don Juan d’Autriche, de douze vaisseaux du pape saint Pie V, sous les ordres de Marc-Antoine Colonna, de cent quatorze bâtiments vénitiens sous Sébastien Venerio, de six maltais et de trois savoyards, en tout deux cent cinquante environ. Elle se rassembla dans le port de Messine et fit voile pour les côtes de Grèce.

La flotte ottomane, forte de trois cents voiles, était postée à l’entrée du golfe de Lépante ; elle vint présenter la bataille le 7 octobre 1571. « Voyant, raconte Brantôme, son armée en si bel ordre, don Juan descendit sur une frégate prononçant ces paroles de si bonnes et généreuse grâce, qu'il n'y avait nul qui ne l'admirât de sa résolution et de son courage."

Revenu à son bord don Juan fit hisser l’étendard de la ligue chrétienne, un christ brodé d’or sur un fond cramoisie avec l’antique devise du Labarum : In hos signo vinces . C’était le signal le combat commença. Le plus fort de la mêlée se porta au centre de la flotte chrétienne, autour du vaisseau que montait don Juan. Le capitan Pacha tenta de l’aborder, mais après une heure de combat acharné, il tomba frappé d’une balle. Les Espagnols s’élancèrent à l’abordage, coupèrent la tête du capitan-pacha et la portèrent à dom Juan. La victoire fut dès lors décidée. Cent trente galères tombèrent au pouvoir des alliés ; quatre-vingt-quatorze furent incendiées ; trois cent soixante pièces de canon furent capturées. Quinze mille esclaves chrétiens furent ramenés en triomphe en Europe. Le bey d’Alger seul put s’échapper avec quarante galères, reste de la flotte ottomane.

Cette éclatante victoire ne coûta aux flottes combinées que quinze galères, huit mille hommes et quelques prisonniers. Au nombre des blessés se trouvait l’illustre auteur de don Quichotte, qui y perdit la main gauche.

Telle fut la mémorable bataille de Lépante, d’où les Ottomans peuvent faire dater le déclin de leur puissance. La nouvelle en fut accueillie en Europe avec transport. Mar-Antoine monta au Capitole comme les triomphateurs anciens et voua sur l’autel de la Mère de Dieu une colonne d’argent pour rappeler son nom et sa victoire. A Venise, on institua une fête commémorative et on consacra une chapelle où fut retracé le triomphe des chrétiens ; à Padoue, la grande église alors en construction fut mise sous l’invocation de sainte Justine, en mémoire du jour où s’était livré la bataille. Enfin le souverain pontife, le grand Pie V, célébra dans la chaire de Saint-Pierre de Rome la victoire des chrétiens et appliqua au vainqueur de Lépante ce texte de l’Evangile : « Il y eut un homme envoyé de Dieu, qui s’appelait Jean.

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