29.3.09

Contrat social, pacte civique

Le premier contrat, social par définition du contrat est le mariage.

L'existence de la cité fondée sur un contrat est un deuxième contrat postérieur dans le temps au mariage.

Le contrat suppose la liberté. Je puis lier ma liberté par le contrat. Mais si je n'ai aucune liberté, je ne puis me lier.

L'existence de ce contrat est contesté par les positivistes pour lesquels les êtres humains sont unis entre eux, non par un contrat, mais par la nécessité. C'est le postulat d'Auguste Comte et de sa sociologie et à sa suite de Maurras (la "physique sociale"). L'homme soumis au monde dépend de ses lois. Le positivisme de Comte nie en conséquence la liberté ou du moins la réduit à la conformité aux lois selon son catéchisme positiviste. http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-87987


En effet, selon Comte l'esprit humain, pardon la cervelle humaine, doit tendre à correspondre le mieux aux monde qui l'entoure et n'a de liberté que limitée par sa vocation à devenir le "fidèle miroir" de l'ordre extérieur. Ce qui laisse peu de place à la liberté. A vrai dire, le champ laissé à la liberté est celui de "nos besoins pratiques". Nos besoins pratiques règlent notre liberté de discours par rapport au monde extérieur. On peut difficilement donner pour principe à notre liberté, une raison plus basse. En effet la liberté se conçoit pas rapport l'exposition de la vérité et nullement comme une "cause" notion métaphysique et donc arbitraire, selon lui.

Pourtant saint Augustin, cité par Pie VI, dans "Les confessions" affirme que "le pacte fondamental de la société humaine est l’obéissance aux rois". (livre III, chapitre VIII).

Peut-on dire que Hobbes, Locke et Rousseau sont les disciples de saint Augustin ? Ces penseurs ont eu au moins saint Augustin pour prédécesseur en ce que ce dernier admet un contrat fondateur de la société politique.


Ce qui distingue les contractualistes de saint Augustin c'est que saint Augustin prend la Genèse au sérieux et la croit, comme moi d'ailleurs, comme une source fiable et même inerrante de l'histoire humaine primitive.

Donc "libérés" de la Genèse, les contractualistes imaginent un homme ne dépendant d'aucune société, ils imaginent un état précontractuel absolu (historique ou même imaginaire), ce contrat est antérieur à la famille.

Or historiquement (Genèse 3,6)) le contrat de mariage est antérieur à la société politique, ce n'est que lorsque la société se développant, les patriarches disparaissant, que les familles ont senti la nécessité de s'unir entre elles pour le bien commun.

Mais saint Augustin en constatant la convention d'obéissance qui fonde la cité et les contractualistes modernes sont d'accord pour constater que l'être humain concourt par sa volonté nécessairement antérieure à la société à la fondation de ladite société.

Peut-on cependant nommer cet accord "contrat" ?

Le contrat est une convention, mais la convention n'est pas nécessairement un contrat. La notion de convention a une extension plus large que celle de "contrat". Une convention peut être tacite. Or la convention de vivre en société politique est nécessairement tacite.

La convention peut résulter de l'acceptation de prestations, sans que l'accord soit formalisé. Dans le film "into the wild" on voit le héros refuser la société, ce qui le conduit à mourir de faim et de misère. La convention politique est nécessaire à la survie collective et individuelle. Elle est donc nécessitée par la nature.

Cette convention ne régit pas la religion. Elle reçoit sa sainteté de la religion. L'adhésion à cette convention est nécessaire en justice et donc obligatoire parce que chacun reçoit de la société et doit les prestations en échange. C'est la loi de l'entr'aide. Et la loi des contrats est "sainte" disent les Anglais avec raison.

Cette convention civique (ou politique) nécessairement tacite implique obéissance à l'autorité et aux lois positives, aux coutumes. Elle est tacite pour le fœtus, pour l'enfant évidemment dont les parents consentent à vivre en société, pour le protéger, le nourrir, le loger, l'éduquer.


Ceux qui essaient de se soustraire à cette convention ne peuvent le faire honnêtement puisqu'ils profitent des prestations, sans prestation équivalente de leur part, ce qui ne peut se faire sans contrarier la justice. De plus toute tentative de soustraction totale conduit, à la mort. C'est une sorte de suicide (comme dans "Into the wild" où le héros meurt de son refus de la société, sans que l'on puisse affirmer la thèse d'un suicide au sens propre du terme), mais le suicide est une injustice envers la société qui a aidé et fait vivre et qui a le droit/devoir de pourvoir à la protection de chacun de ses membres. Il est donc impossible de se soustraire à cette convention sans injustice.

Concluons :

Le domaine politique est le fruit d'une convention tacite, obligatoire en vertu de la volonté divine. C'est une convention qui dépend de la volonté, mais l'adhésion à cette convention est obligatoire parce que notre liberté n'existe plus là où le mal, l'irrationnel est le but (sinon Dieu ne serait pas libre).

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