15.5.09

Le bien commun est un bien propre et le meilleur des biens propres

« Le bien commun est supérieur est supérieur au bien propre de chacun, quoiqu’en dise l’individualisme, mais ne doit pas cependant pas l’absorber, comme le prétend le communisme. »

Père Réginald Garrigou-Lagrange cité in Préface de Richard Dubreuil p. 9 « Petite somme politique » Téqui 1997.

A vrai dire le P. Garrigou semble ici victime d’une illusion idéaliste. C’est la guerre des idées, la guerre des antinomies irréconciliables. Il faut en sortir, car il n’y a rien de parfaitement vrai ni dans l’individualisme, ni dans le collectivisme, car nos idées rendent toujours imparfaitement compte de la réalité.

Dans la réalité, le bien commun est un bien propre à chacun, sinon il ne serait pas commun. Il est même le meilleur des biens propres parce que métaphysique. Il ne peut donc s’opposer au bien individuel qui est un bien subordonné et de moindre importance, y compris pour l’individu. Le bien individuel est moins bon que le bien commun, y compris pour l’individu.

Concrètement : le bien commun est surtout vérité, justice, solidarité, droits de l’homme. Je dois la vérité aux autres et ils me la doivent. Je dois sans faille avoir la volonté de rendre la justice à chacun et les autres me doivent et se doivent entre eux aussi la justice. Je leur dois la solidarité et ils me la doivent. La justice je l’apprends des autres, et je la leur apprends. Etc. C’est le bien commun.

D’autre part, si je m’examine, je vois que tout ce que je suis vient des autres. Mon être vient de mes parents, mon éducation vient d’eux et d’autres intervenants (professeurs, mais aussi tous les autres, innombrables qui m’aident : journalistes, écrivains… à l’infini), je leurs dois en justice respect et reconnaissance et ils me doivent, comme je leur dois, vérité et justice.

Concrètement le bien individuel, c’est me nourrir, me loger etc. Mais ce bien non plus ne peut être assuré que grâce aux autres, il n’est donc pas tout à fait exact de dire qu’il s’oppose au bien des autres. Disons qu’il s’oppose au bien des autres dans sa substance, mais qu’il est conditionné par le bien commun. Si je peux manger, c’est parce que justice est rendue aux paysans, routiers, commerçants, banquiers sans lesquels mon bien propre n’existerait pas.

Il convient de ne pas s'opposer à l'individualisme ou au collectivisme, il faut, comme le dirait Gilson les "dispenser d'exister".

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