1.7.09

Le quart d'heure de Madoff

Les médias nous invitent au quart d'heure de Madoff. Dans le roman 1984, les populations sont invitées au quart d'heure de la haine contre Goldstein. Depuis quelques temps nous sommes appelés au quart d'heure du mépris contre Madoff.

Madoff joue un rôle sociologique évident, il soude la société. Hou ! L’escroc, le vilain qui a amputé la fortune des fortunés. Répétons-le tous ensemble. Hou, le vilain !

Oserai-je dire que Madoff m'inspire plus de pitié que de mépris. Oui, il a vécu dans le luxe, oui, il a fait du mal. Mais a-t-il fait plus de mal que ceux qui le chargent aujourd'hui ?

Son système fonctionnait sur sa réputation, sur sa fonction d'ancien président de la bourse. Car sans sa réputation rien n'aurait été possible, or une réputation, ce sont des gens influents qui disent du bien de vous.

Des clients se présentent, il leur promet du 10 % l'an, ce qui est un intérêt mirobolant, mais si l'on y réfléchit, immoral. Au bout d'un an, même s'il a placé l'argent de ses "clients", l'argent n'a rapporté que 5 %. Mais de nouveaux clients ont souscrit, on leur a dit qu'ils pouvaient placer à 10 % ! Donc les 100 € du premier client sont devenus 105 €. Mais au même moment quatre nouveaux clients arrivent et souscrivent 400 €. Il paie sans aucune difficulté 10 € d'"intérêts" au premier client. En réalité, il n'y a que 5 € d'intérêts et les 5 € supplémentaires sont prélevés sur le capital.

Il doit arroser aussi magistrats (américains, je précise) et avocats (américains), les comptables et les zautorités financières, qui doivent se prosterner devant ce "génie de la finance" et lui assurer sa réputation dont vit son système.

Pour bien réussir, il faut bien "arroser". On "arrose" tout le monde, du plus petit jusqu'au plus grand, mais les grands sont plus chers. Et pour être arrosé, il suffisait d'être parmi les premiers et surtout de ne rien dire pour ne pas perdre. Songez que ceux qui ont placé leur argent chez Madoff en 1981 ont récupéré plus de vingt-cinq fois leurs mises par le jeu des "intérêts" ! Et je fais abstraction des intérêts composés. Songez aussi aux comptables et aux employés, aux obligés de Madoff qui ne pouvaient pas ne pas savoir.

Vingt-cinq ans plus tard, au bout de vingt-cinq ans, l'affaire est à sec. Madoff ne peut plus payer des "intérêts" avec le capital et toutes les complicités et les silences n'y peuvent plus rien.

C'est alors que le silence devient inutile. Madoff ne vaut plus rien. La série des quarts d'heure de Madoff peut commencer.

Madoff, plus qu'un être pervers doit vivre dans un désordre confinant à la folie. "Ils" lui avaient fait sa réputation, "ils" en profitaient. Il n'a pu faire tant de dégâts que parce que bien du monde s'est tu pour "en" profiter.

La "justice" condamne à 150 ans de prison, un homme de soixante et onze ans. Non, je ne hurlerai pas au quart d'heure de Madoff ! Justice pour Madoff, le condamner à 150 ans de prison, outre que cela est ridicule et est surtout inhumain.

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