30.1.10

Gaudium et spes contre Kant


C'est une constante de l'idéologie intégriste (et sans doute aussi de l'idéologie progressiste) que le Concile Vatican II est néo-moderniste.

Le modernisme était tributaire de Kant en philosophie. C'est pourquoi les penseurs lefebvristes veulent trouver du kantisme chez "Ratzinger" ou "Wojtyla" par exemple. Pour être plus précis, ils les accusent de s'inspirer de l'existentialisme post-kantien qui refuse de tirer des idées générales de l'expérience.

http://www.dici.org/dl/nouvelles/Nouvelles_107.pdf (p. 16)


Or Gaudium et spes condamne sans le nommer le criticisme kantien.

Voici un extrait de la préface de la deuxième édition de la "Critique de la raison pure" de Kant :

« Or cela n’aurait pas lieu, si la Critique ne nous avait pas instruits auparavant de notre inévitable ignorance par rapport aux choses en soi et si elle n’avait pas limité à de simples phénomènes tout ce que nous pouvons connaître théoriquement. (…) Je ne peux donc jamais admettre Dieu, la liberté, l’immortalité en faveur de l’usage pratique nécessaire de ma raison, sans enlever en même temps à la raison ses prétentions injustes à des prétentions transcendantes. Car, pour arriver à ces vues, il faut qu’elle emploie des principes qui, ne s’étendent en fait qu’aux objets de l’expérience possible, mais qui dès qu’on les applique à ce qui ne peut pas être un objet d’expérience, transforment réellement aussitôt cette chose en phénomène et déclarent impossible toute extension pratique de la raison pure.»


préface de la seconde édition p. 29 traduction Tremesaygues et Pacaud édition Alcan 1905 édition numérique Gallica

Et voici ce que dit Gaudium et Spes

« Car l’intelligence ne se borne pas aux seuls phénomènes ; elle est capable d’atteindre, avec une authentique certitude, la réalité intelligible, en dépit de la part d’obscurité et de faiblesse que laisse en elle le péché. »

« 2. Enfin, la nature intelligente de la personne trouve et doit trouver sa perfection dans la sagesse. Celle-ci attire avec force et douceur l’esprit de l’homme vers la recherche et l’amour du vrai et du bien ; l’homme qui s’en nourrit est conduit du monde visible à l’invisible. »


G S 15,1


http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_cons_19651207_gaudium-et-spes_fr.html

C'est bien le fait que la perfection de l'intelligence de l'homme de chercher et de trouver le vrai et le bien. Et refuser à l'intelligence de l'homme la possibilité d'accéder à la sagesse transcendante. est condamné par Gaudium et spes. L'intelligence le fait avec toujours une part d'obscurité, car elle "écache" toujours la réalité. Car il semble que Pascal joue un rôle important dans l'inspiration philosophique des textes du magistère.

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