24.8.10

Paraphrase et commentaires de l'encyclique "Caritas in veritate" paragraphe 2

A la suite de mon post sur le § 1, je propose une paraphrase, accompagnée de commentaires personnels, du § 2 de l’encyclique « Caritas in veritate ».

L’amour, la charité est la synthèse de toute la loi. Cela est exprimé dans saint Mathieu .

“Mt 7,12. Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux; car c'est là la loi et les prophètes.”

La loi et les prophètes, c’est-à-dire l’essentiel de l’Ecriture. Cela, c’est ma citation.

Le pape choisit un autre passage de saint Mathieu (22, 36-40) où on pose la question à Jésus : - quel est le plus grand commandement ? Il répond - c’est d’aimer. D’aimer Dieu et, ce qui est la même chose, d’aimer son prochain, de l’aimer comme soi-même, (donc de s’aimer soi-même).

On sait aussi que cette pensée (jugez des autres d’après vous-même) est aussi exprimée dans le Talmud (Shabat F 31,1) sous la forme “ce que vous haïriez que l’on vous fasse, ne le faites pas aux autres.”, alors que Jésus l’exprime positivement : “- ce que vous voudriez que les hommes vous fassent, faites-le”.

http://jesusmarie.free.fr/bible_fillion_matthieu_7.pdf

Certains (les lefebvristes surtout) opposent le commandement d’aimer Dieu avec le commandement d’aimer son prochain. Or Jésus dit qu’ils sont “semblables”, c’est-à-dire essentiellement les mêmes. Il n’y a pas de différence entre ces deux commandements. “Semblable”, veut dire “le même”, comme lorsque l’on parle d’un autre homme comme notre “semblable”.

La charité est la relation vraie avec Dieu et avec le prochain. La charité est donc la “voie maîtresse de la doctrine sociale”.

On peut même dire que la charité est “tout” et, comme elle est “tout”, elle règne en principe, non seulement dans les micro-relations (familiales, amicales), mais encore dans la vie politique, sociale et économique (dans les “macro-relations”).

Mais cette notion de « charité » a été galvaudée, elle a perdu du sens. Cette « perte de sens » entraîne que l’on ne la comprend pas, et qu’on finit par l’exclure de la vie morale. D’ailleurs quand on ne l’exclut pas absolument, la « perte de sens » empêche sa « mise en valeur ».

Il est donc fondamental de redonner du sens à cette notion.

Dans les domaines 1) social 2) culturel 3) politique 4) économique, les auteurs la déclarent souvent incapable d’éclairer la notion de responsabilité humaine, de responsabilité morale. Non seulement, elle ne serait pas à même de faire comprendre les responsabilités, mais encore de leur donner une orientation. Ces prises de position sont courantes, pour ne pas dire générales.

C’est pourquoi il est important d’affirmer que l’on ne peut séparer, mais qu’au contraire, on doit conjuguer les deux notions de « vérité » et de « charité ». On doit « conjuguer » ces deux notions non seulement dans le sens de la « vérité dans la charité » (Ep 4,15) mais encore, dans le sens de « charité dans la vérité ». Ces deux sens sont complémentaires.

On doit ainsi chercher la vérité tout en aimant. A l’inverse, on doit avoir à l’esprit que l’amour est inséparable de la vérité. L’amour doit être objet de l’intelligence donc compris dans la vérité. L’amour doit être passé au crible de la vérité. On doit le « vérifier », constater sa véracité.

Sa pratique doit aussi être « vérifiée ». Notre intelligence doit juger notre pratique de l’amour, sans quoi l’amour n’est plus authentique.

Cette authentification de l’amour par la vérité a une dimension sociale. Si notre amour est vrai, il sera persuasif.

Cette authentification et ce caractère persuasif sont particulièrement importants aujourd’hui. En effet, en matière de relations inter-individuelles et dans la culture, la vérité est relativisée. En conséquence, les acteurs de ces domaines s’en désintéressent ou ne l’acceptent qu’avec agacement.

En authentifiant l’amour, nous aurons ainsi, non seulement rendu service à l’amour, illuminé par la vérité, mais nous aurons également contribué à rendre crédible la vérité en en montrant le pouvoir d’authentification et de persuasion dans le concret de la vie sociale. Ce qui, aujourd’hui, est fort important compte tenu du contexte social et culturel qui relativise la vérité, s’en désintéresse souvent, ou s’y montre réticent.

En d’autres termes, il est urgent de démontrer la véracité de la charité.

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