4.9.10

Réagissant aux attaques, monsieur Aillagon tente de justifier son exposition

Sur son blog monsieur Aillagon responsable d'une exposition contestée par le site e.deo (un site catholique réactionnaire), tente de se justifier en ces termes :

"La chrétienté est un système idéologique et politique qui, prenant la foi chrétienne pour argument, a tenté d’imposer, à des territoires et à des consciences, un ordre global et contraignant qui en prétendant d’ailleurs soumettre le temporel au spirituel a, en fait, assujetti ce ferment de liberté qu’est la foi chrétienne à la tyrannie du pouvoir, de la contrainte, de l’autorité, de la coercition et des préjugés, et a substitué à la souplesse de la vie la rigidité d’un ordre qu’on voulait immuable et définitif. Que ceux qui brandissent l’autorité de Jésus Christ contre tout ce qui les dérange, relisent ses paroles prophétiques quand il s’adressait aux pharisiens, cette « races de vipères », et ils changeront, je l’espère avec foi, espérance et charité…, d’avis."

http://jean-jacques-aillagon.typepad.fr/le_blog_de_jeanjacques_ai/2010/09/bienheureux-les-pacifiques.html

Monsieur Aillagon est un fin connaisseur de la doctrine chrétienne. Je pense qu'il doit être chrétien ou au moins un sympathisant, en tous cas un lettré.

Il y a du vrai dans ce que dit monsieur Aillagon, historiquement la chrétienté a été parfois un prétexte au viol de la liberté religieuse. Je pense à titre d'exemples au catéchisme obligatoire pour les Juifs dans les Etats pontificaux, je pense au "les esclaves seront baptisés." du "code noir". Ce ne sont que des exemples.

Il est très injuste de réduire ces excès et ces erreurs à la substance de la chrétienté.

La chrétienté était un surtout un contrat informel des populations avec l'Eglise. La chrétienté, c'étaient des peuples qui se soumettaient librement à la loi de l'évangile et s'adressaient au clergé et principalement au pape pour résoudre leurs questions de morale et de foi.

Dans la loi de l'évangile, il y a la reconnaissance d'un ordre naturel (quoiqu'en dise monsieur Daoudal qui oppose l'évangile au "totalitarisme thomiste", pas moins !).

"Mt 7,12. Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux ; car c'est là la loi et les prophètes."

La substance de la loi et des prophètes, c'est-à-dire l'essentiel de la révélation, est au dedans de nous. C'est en nous examinant chacun que nous savons ce que nous avons à faire. Tout cela est parfaitement naturel.

Or cet ordre est immuable et définitif. L'ordre de la raison fonde la dignité de l'homme. Ceux qui contestent cela contestent les droits universels de l'homme fondés sur le caractère raisonnable de l'être humain.

Mais cet ordre naturel est restauré, couronné, sublimé par un ordre surnaturel inaccessible à notre raison quoique raisonnable (il est raisonnable de croire).

"Jn 15,5. Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en Moi, et Moi en lui, porte beaucoup de fruit; car, sans Moi, vous ne pouvez rien faire."


Si nous ne pouvons rien faire sans lui, c'est que nous ne pouvons même pas utiliser droitement notre raison.

La solution du problème est la suivante : notre raison nous permet d'atteindre la vérité, nous le savons par la foi, mais ce n'est pas la foi qui nous permet de condamner l'exposition fruit de l'initiative de monsieur Aillagon, c'est la raison.

Le laid et le beau ne sont pas arbitraires, notre culture française est une donnée respectable et qui doit être respectée. Voilà les raisons qui permettent de condamner l'initiative bafouant les droits du peuple français à son esthétique et à sa culture, par conséquent bafouant la raison.

Un mot pour terminer sur la tactique de monsieur Aillagon : la meilleure défense, c'est l'attaque, voilà son principe. Le moyen, c'est l'histoire ; "parlons histoire" ; c'est le procédé habituel. Mais ici la ficelle est un peu trop grosse.

En revanche, lorsqu'il critique implicitement les lefebvristes, il leur cloue le bec ; au moins sur le plan de leurs critiques, car il est exact que le lefebvristes, faisant fi du contrat licite au fondement de la chrétienté, veulent une contrainte sociale pour imposer la douce loi du Christ, ce qui est un quasi-blasphème.

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