13.3.11

La révolution scientifique ratzinguérienne




Étudiant de nouveau l'encyclique "Spe Salvi", j'en retire un donné de la pensée du Pape sur la science.

"Le rationalisme philosophique [de l'Antiquité] avait cantonné les dieux dans le champ de l'irréel. Le Divin était vu sous différentes formes dans les forces cosmiques, mais un Dieu que l'on puisse prier n'existait pas. Paul illustre de manière particulièrement appropriée la problématique essentielle de la religion d'alors, lorsqu'il oppose à la vie « selon le Christ » une vie sous la seigneurie des « éléments du cosmos » (cf. Col 2, 8). Dans cette perspective, un texte de saint Grégoire de Nazianze peut être éclairant. Il dit que le moment où les mages, guidés par l'étoile, adorèrent le nouveau roi, le Christ, marqua la fin de l'astrologie, parce que désormais les étoiles tournaient selon l'orbite déterminée par le Christ.[2] De fait, dans cette scène, est inversée la conception du monde d'alors qui, sous une forme différente, est en vogue encore aujourd'hui. Ce ne sont pas les éléments du cosmos, les lois de la matière qui, en définitive, gouvernent le monde et l'homme, mais c'est un Dieu personnel qui gouverne les étoiles, à savoir l'univers; ce ne sont pas les lois de la matière et de l'évolution qui sont l'instance ultime, mais la raison, la volonté, l'amour – une Personne. Et si nous connaissons cette Personne et si elle nous connaît, alors vraiment l'inexorable pouvoir des éléments matériels n'est plus l'instance ultime; alors nous ne sommes plus esclaves de l'univers et de ses lois, alors nous sommes libres. Dans l'antiquité, une telle conscience a déterminé les esprits sincères qui étaient en recherche. Le ciel n'est pas vide. La vie n'est pas un simple produit des lois et des causalités de la matière, mais, en tout, et en même temps au-dessus de tout, il y a une volonté personnelle, il y a un Esprit qui, en Jésus, s'est révélé comme Amour."

Le rapprochement de l'astrologie avec le rationalisme scientiste est paradoxal. En effet, l'astrologie est ascientifique. Elle relève plutôt de la superstition. Les astrologues, cependant, nient que leur domaine soit irrationnel, ils prétendent fonder leurs conclusions sur l'expérience. Les scientistes, ou plus largement les tenant du rationalisme, ne voient dans le monde que des effets nécessaires de lois régissant les éléments matériels.

Le chrétien voit dans le monde non pas seulement des lois, mais quelqu'un. Et alors même que la vie nous apporte plus de sujets de préoccupations que de satisfactions, ce Quelqu'un nous aime, il est même Amour. C'est pourquoi on peut entrer en relation avec ce Quelqu'un par la prière.

Dans cette perspective, le rationalisme moderne (Descartes, Lebniz, Kant, Hegel) n'est que la résurgence du rationalisme antique et l'espérance chrétienne apparaît comme la négation du rationalisme et de la superstition. Car sans nier la valeur des lois tirées de l'étude de la nature, il existe, selon ce que comprend de l'encyclique, au-delà de ces lois, Quelqu'un qui les domine de sa volonté. Ce Quelqu'un se manifeste dans ces lois (la rationalité des lois régissant la matière n'est pas un "postulat" sans fondement) et il les domine. On peut entrer en relation avec ce Quelqu'un notamment par la prière fondée sur l'Espérance.

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