2.3.11

Toute la loi et la loi pour les cœurs simples

"75. Or ce commandement paraît se rattacher à l'amour du prochain, mais non également à l'amour de Dieu: le Seigneur nous disant ailleurs qu'il ya deux commandements auxquels se rattachent toute la loi et les prophètes. » En effet si l'on eût dit: tout ce que vous voulez qu'on vous fasse, faites-le vous-mêmes, les deux commandements se fussent trouvés renfermés en une seule formule, puisqu'on se serait empressé de dire que chacun désirant être aimé de Dieu et des hommes, et l'ordre étant donné de faire ce qu'on désire se voir fait à soi-même, on est obligé d'aimer Dieu et le prochain. Mais comme le Seigneur dit expressément: « Ainsi tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le-leur aussi, » il semble que cela signifie simplement : « Vous aimerez votre prochain comme vous-même. » Toutefois il faut bien remarquer ce que le Christ (313) ajoute ici : « Car c'est la loi et les prophètes ; » tandis qu'en parlant des deux commandements il n'a pas dit simplement: à eux se rattachent la loi et les prophètes, mais : « Toute la loi et les prophètes (1), » c'est-à-dire toutes les prophéties. Et comme il n'emploie pas ici cette expression, « toute, » il réserve évidemment la place de l'autre commandement, du commandement de l'amour de Dieu. Pour le moment il s'agit de ce qui regarde ceux qui ont le coeur simple; et comme il est à craindre que l'on n'ait un coeur double à l'égard de ceux à qui le cœur peut être caché, c'est-à-dire à l'égard des hom mes, voilà pourquoi il a fallu donner ce commandement. Car il n'est à peu près personne qui veuille avoir à faire à un cœur double. Or il ne peut se faire qu'un homme accorde quelque chose à un homme avec un coeur simple, s'il n'exclut pas toute vue de profit temporel et n'agit pas avec cette intention désintéressée que nous avons assez longtemps expliquée plus haut, quand nous parlions de l'oeil simple."

Tiré du site jeusmarie :


Il résulte de ce texte de saint Augustin que la première formulation "la loi et les prophètes" et non "toute la loi et les prophètes" que cette formulation est faite pour les cœurs simples. Car sinon, ceux qui ont en vue de se faire aimer des hommes ont besoin qu'on leur dise les deux commandements afin de montrer que l'amour des hommes doit être totalement désintéressé.

La première formulation est complète comme d'ailleurs l'établit le commentateur de Fillion, la deuxième est intervenue afin d'empêcher toute interprétation intéressée. C'est la thèse de saint Augustin.

Mais j'ai d'ailleurs dit ailleurs que les droits de Dieu et les droits des hommes n'étaient pas contradictoires, mais formaient un tout bien exprimé dans la première formule faite pour les cœurs simples, qui selon saint Augustin se développe afin d'éviter toute interprétation intéressée dans la deuxième formule décomposant le précepte en deux parties.

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