27.11.11

Légitime défense et peine de mort

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2011/11/la-valeur-expiatoire-de-la-peine-de-mort.html

Sur le "Salon beige", il y a quelques jours les blogueurs faisaient de la publicité pour un article au sujet de la peine de mort dont l'auteur est monsieur "Guillaume Bernard, maître de conférence à l'Institut catholique d'Etudes supérieures".

 Dans cet article monsieur Bernard prétend lier la peine de mort à la "légitime défense" en donnant en références la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin. Mais le texte de saint Thomas ne parle que de légitime défense et non de peine de mort.

S'appuyant, selon lui, sur l'encyclique "Evangelium vitæ" de Jean-Paul II, le même auteur prétend que la légitime défense "est un devoir". Or "Evangelium vitæ" ne parle de devoir que lorsque c'est le chef, le responsable d'une société, qui défend les membres de sa société et non en général comme le suggère monsieur Bernard.

La "légitime défense" autorise à causer un dommage à un injuste agresseur, mais non pas dans le but de lui causer un dommage, mais en vue de l'empêcher de causer un dommage injuste. Le dommage infligé à l'agresseur, n'est permis que parce qu'il est le seul moyen, ici et maintenant, de l'empêcher de causer un dommage à autrui. Elle n'est jamais obligatoire, sauf dans le cas de la défense du bien commun par l'autorité légitime. Elle est, certes, possible sans péché, sans faute, mais elle n'est, sauf l'exception ci-dessus mentionnée, jamais obligatoire (catéchisme de l'Église catholique 2265).

Cela n'a rien à voir avec la peine infligée par les tribunaux répressifs. Le but de la peine n'est pas la légitime défense, mais (selon le catéchisme de l'Église catholique n° 2266) :

Soit : but général : 

- empêcher la diffusion des comportements qui violent les droits fondamentaux de l'homme

Soient : quatre buts spéciaux :

1) réparer le désordre introduit par la faute
2) valeur d'expiation pour le coupable (s'il l'accepte)
3) protéger l'ordre public (c'est-à-dire les valeurs qui fondent la vie en société, la vie en commun et non, trop étroitement, la tranquillité publique)
4) apporter une médecine au coupable. Ce but n'est qu'éventuel, il est "dans la mesure du possible".

Monsieur Bernard se perd ensuite dans des considérations théologiques et de spiritualité sur le mystère de la bienheureuse Passion. Mais les considérations théologiques relatives à la foi (catholique ou autres), n'ont rien à faire dans une affaire laïque. C'est la raison qui décide et la raison nous dit que la question de la peine de mort (où la mort est voulue comme telle), est distincte de la question de légitime défense où la mort n'est pas voulue comme telle, mais comme moyen proportionné pour empêcher un dommage.


Note du 30/11/2011 : Il semble que la peine de mort doit être liée à la légitime défense selon le catéchisme de l'Église catholique, en ce sens que la peine de mort peut être et même doit être infligé, si je suis bien le raisonnement dans le cas où il n'y a pas d'autres moyens, en cas d'extrême nécessité, d'empêcher que le crime (je ne vois guère que l'homicide volontaire) ne se renouvelle. Donc la peine de mort doit être envisagée comme un moyen de légitime défense qui peut être obligatoire dans le cas d'extrême nécessité.

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