3.2.12

Commentaire d'un extrait de "Pour qu'il règne"



Notre posteur nous cite triomphalement un extrait de « Pour qu'il règne » de Jean Ousset :


«Démontrez nous que la maçonnerie ne règne pas à la place de l’Eglise, et de telle sorte que le magistère de celle-ci n’était qu’enfantillage au regard de la pression de celle-là. Ah ! vous ne voulez pas que la sainte Eglise de Dieu règne sur le gouvernement des nations ! qu’à cela ne tienne ; les nations passeront sous la puissance des sectes. Votre Etat, « libéré » de l’Eglise, ne cessera pas d’obéir à un glaive spirituel, glaive spirituel des forces occultes, autant dire de ces idées de laïcisme, de naturalisme que ces forces font pénétrer partout et en se moquant bien de nos scrupuleuses distinctions sur les domaines respectifs du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. »écrivait-il.


Passons sur le "glaive spirituel... des idées", expression qui ne semble pas avoir de sens intelligible.

Si l'on veut trouver un sens à ce texte, il semble qu'il signifie que la doctrine catholique n'inspirant plus l'État, ce sera le laïcisme qui la remplacera. C'est vrai, en un sens. C'est vrai que les laïcistes prêchent une doctrine, mais en disant et croyant ne pas se départir du domaine de la raison, ce n'est pas illégitime. Mais l'Église, elle non plus, ne prétend obliger l'État à rien qui ne soit rationnel. Donc ce qu'écrit Ousset fourvoie la critique du laïcisme en y voyant une doctrine spirituelle alors que le laïcisme est un sophisme (sophisme qui peut avoir des conséquences spirituelles, mais, ce n'est pas le sujet social). Ousset prétend ensuite que les propagateurs du laïcisme et du naturalisme obéiraient à des "forces occultes" en prêchant une doctrine et en confondant "pouvoir spirituel" et "pouvoir temporel", ce qui affaiblirait le travail de l'honnête contre-révolutionnaire qui, lui, respecterait scrupuleusement "les domaines respectifs du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel". (On note la façon manichéenne de penser : le laïcisme a tout faux, or ce n'est pas si simple.) Si l'on veut trouver un sens acceptable au texte de Ousset, on peut dire, en le sollicitant, que les laïcistes, groupés ou seuls, prétendent imposer une doctrine réduisant, au nom de la raison (en réalité un sophisme), la liberté humaine. Or ils n'y ont aucun titre. Mais comme Ousset est hostile à la liberté, il ne parle pas d'elle, donc on ne peut sauver le texte de Ousset, même sur ce point.

Surtout, les laïcistes ne prétendent pas prêcher une doctrine surnaturelle, mais prêcher une doctrine rationnelle et naturelle. Cette doctrine rejette, en vertu des données de la raison, comme gratuite toute prise de position sur la valeur des différentes doctrines religieuses et veulent imposer arbitrairement (car le sophisme ne peut s'imposer... au nom de la raison) que, du point de la morale et de l'honnêteté, l'État ne peut pas, l'État ne doit pas, professer une doctrine religieuse.

La doctrine catholique respecte la raison. Donc si la doctrine laïciste était rationnelle, elle n'y verrait rien à redire et s'empresserait de revenir sur la doctrine du Christ-Roi. Mais l'Église semble y voir un sophisme.

La raison peut parfaitement juger de la valeur sociale des religions et des doctrines religieuses, pour ces dernières, au moins dans leurs implications sociales. La raison permet aussi à tout groupe humain de confesser (mais pas d'enseigner) une doctrine surnaturelle, du moment qu'elle ne contredit pas la raison. Et la raison à ne pas contredire, en matière juridique, se sont les droits fondamentaux et universels de l'homme, donc la liberté religieuse qui est le droit pivot des droits de l'homme.

La pensée de Ousset (peut-on parler de "pensée" au sujet de ces textes si confus ?) conduit à compromettre les chrétiens dans une aventure intellectuelle et morale absurde. Tour cela ne serait rien, si l'oussetisme n'avait donné naissance au lefebvrisme en ses diverses versions, qui conduisent toutes au schisme, voire à l'apostasie. En condamnant, par exemple, la doctrine infaillible de "Dignitatis humanae", qui ne fait que confirmer une donnée de la raison, ils condamnent aussi paradoxalement la doctrine du Christ-Roi.

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