6.3.12

Dialogue avec l'islam selon l'abbé Pagès, les préalables, selon moi

L'abbé Pagès publie un livre aux Editions bénédictines sur "interroger l'islam". Il étudie notamment dans ce livre l'apologétique islamique.

La préface de Mgr Bernardini est en accès gratuit sur Internet.

Mgr Bernardini propose deux remarques historiques profondes.

1) Il remarque que c'est dans la Turquie laïciste que c'est organisé la plus intense annihilation des communautés chrétiennes. Il explique cela par l'application généralisée et légale du principe de discrimination en défaveur des non-musulmans.

2) Le fait que les prétro-dollars ne servent pas sortir les masses musulmanes de la misère, mais à procéder à l'acquisition d'un patrimoine notamment immobilier en Occident.

Sur le fait 1 : on peut remarquer que le principe de discrimination négative à l'égard des non-musulmans est contraire à l'égalité fondamentale des êtres humains. Donc la Turquie n'est un Etat laïc qu'en apparence puisque finalement aucun mouvement turc non-musulman ne vient contester cette discrimination. Pourtant la Turquie adhère au Conseil de l'Europe, le 18 mai 1954 elle ratifie la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et s'est en conséquence soumise à la juridiction de la Cour européenne des droits de l'homme.

On peut dès lors se poser la question de l'efficacité de cette institution dans le milieu musulman. Dans la jurisprudence de la Cour, ce ne sont, à ma connaissance, jamais les violations des droits de l'homme au détriment des non-musulmans qui font l'objet d'une plainte. Or, ce recours existe depuis 47 ans et plus ! 

Par exemple, dans la base de donnée "Hudoc", si l'on tape "chrétien" et "Turquie" on obtient comme réponses une affaire et une seule d'interdiction d'un parti islamiste (deux arrêts relatifs à la même affaires, cette affaire doit être sélectionné parce qu'un juge se prénomme "Christian"). Or il est avéré que, selon Mgr Bernardini, les communautés non-musulmanes sont discriminées légalement. On peut donc en déduire qu'en fait, elles sont empêchées de s'adresser à la Cour par des moyens inavouables et que l'adhésion de la Turquie est un paravent particulièrement odieux pour mettre en œuvres hypocritement des pratiques discriminatoires et garder les apparences d'un Etat respectueux des droits universels de l'homme.

L'action de la Cour viendrait conforter un système de persécution occulte créateur de la mentalité "dhimi". Cette mentalité consiste en des accommodements avec les persécuteurs. Les persécutés achètent une autorisation de survie par une discrétion qui implique qu'aucune action judiciaire ne soit entreprise, sous menace d'intensification de la persécution. L'existence de la Cour viendrait ainsi au secours de la violation des droits fondamentaux de l'homme en favorisant la dissimulation de pratiques discriminatoires. La société humaine est fondée d'abord sur l'amitié, sur la fraternité, avant d'être fondée sur un catalogue de droits et de devoirs (Caritas in veritate § 7).


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