6.4.12

Servante ou concierge

En lisant les deux traductions de la Passion selon saint Jean, je vois que Fillion traduit de la vulgate "portière" et que la traduction liturgique des évêques francophones traduit : "servante".

La "servante" est une personne préposée à la garde de la porte, la "portière" comme on ne traduirait probablement plus aujourd'hui. On dirait "concierge" ou "gardienne". Cette femme préposée à la garde de la porte du palais de Anne, le grand-prêtre, est donc dans son rôle lorsqu'elle dit à saint Pierre : "tu es un ami de l'accusé." Et saint Pierre lui répond, parce qu'elle a un certain pouvoir (si elle était un simple femme de ménage, elle n'oserait sans doute même pas parler), le pouvoir de le dénoncer soit en vue de son expulsion comme éventuel fauteur de trouble pendant que se déroule l'audience.

Voici comment traduit Fillion (copié du site magnificat) :




Jn 18,15. Cependant, Simon-Pierre suivait Jésus, avec un
autre disciple.  Ce disciple était connu du grand prêtre, 
et il entra avec Jésus dans la cour du grand prêtre;
Jn 18,16. mais Pierre se tenait dehors, près de la porte.  
L'autre disciple, qui était connu du grand prêtre, sortit donc, 
et parla à la portière, et fit entrer Pierre.
Jn 18,17. Cette servante, qui gardait la porte, dit à Pierre:  
N'es-tu pas, toi aussi, des disciples de cet homme?  
Il dit: Je n'en suis pas.


Voici comment traduit le ou les traducteurs évêques :

Simon-Pierre et un autre disciple suivaient Jésus. 
Comme ce disciple était connu du grand prêtre, il entra avec
 Jésus dans la cour de la maison du grand prêtre,
mais Pierre était resté dehors, près de la porte. 
Alors l'autre disciple - celui qui était connu du grand prêtre - 
sortit, dit un mot à la jeune servante qui gardait la porte, 
et fit entrer Pierre.
La servante dit alors à Pierre : « N'es-tu pas, toi
 aussi, un des disciples de cet homme-là ? » 
Il répondit : « Non, je n'en suis pas ! »

La scène semble bien être la suivante : saint Pierre et saint Jean (le disciple "connu du grand-prêtre" doit être saint Jean) suivent Jésus amené sous escorte formée par la cohorte romaine (600 hommes, les autorités craignent manifestement qu'il y ait du grabuge, un soulèvement peut-être) et la police du grand-prêtre (les gardes du corps du grand-prêtre, les "satellites" du Grand-Prêtre, comme on ne dit plus aujourd'hui). Saint Jean est connu, donc la concierge le laisse entrer dans la cour du palais. Mais saint Pierre, lui, doit rester dehors. Il n'est pas connu ou pas reconnu. Saint Jean va donc intercéder auprès du Grand-Prêtre ou plus probablement un de ses collaborateurs pour laisser entrer saint Pierre "C'est un ami, un homme pacifique qui ne troublera pas l'audience." dit-il probablement. Sur accord du Grand-Prêtre, il va dire à la concierge de laisser entrer saint Pierre. Elle le laisse donc entrer, mais alors elle le reconnaît en bonne concierge qu'elle est, le sentant dans ses petits souliers, elle le dénonce. 

Elle n'est donc pas une "servante" ordinaire, elle a une fonction au sein du palais.




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