5.7.12

Grenoble deux de mes expériences au CHU

Comme je ne suis plus très jeune, je dois soigner ma santé. Pour cela j'ai été envoyé à Grenoble à l'hôpital public dans un service spécialisé pour consultation.

Grenoble pour moi c'est environ 260 km de route de montagne (à l'exception d'environ 10 km d'autoroute gratuite) et environ 5 heures de route aller-retour.

Je me pointe à l'heure dite à l'hôpital. Je me dépêche de peur d'arriver en retard. A l'accueil je dois me présenter à un administratif pour les papiers. Je me perds dans le dédale de cet hôpital gigantesque aux multiples couloirs et batteries d'ascenseurs. J'arrive enfin chez les infirmières de l'étage qui me renvoient sans ménagement au secrétariat où je m'annonce et remets toute la paperasse.

On me prie d'aller attendre à la salle d'attente. La salle d'attente est en réalité un renfoncement dans le couloir juste devant une porte rouge. J'apprendrais plus tard que cette porte rouge cache l'importantissime médecin que je dois consulter.

Je prends donc la "Veillée des chaumière" que je trouve sur la table basse de la "salle d'attente" et je prends connaissance d'un article sur Charles Dickens, un romancier que j'ai lu quand j'étais jeune. Charles Dickens 1812-1870. C'est intéressant. Mais au bout d'une demi-heure d'attente, la porte rouge reste fermée. Il n'y a personne dans la salle d'attente.

Comme je n'ai que cela à faire après avoir refermé ce vieux numéro de la "Veillée des chaumières", je fais les cent pas dans le couloir. Scène de genre : je peux admirer le bureau de l'important professeur et assister de loin aux discussions avec ses divers collaborateurs et collaboratrices. Un jeune médecin est là aussi.

Cela fait maintenant une demi-heure que la porte rouge reste fermée sans que personne n'y entre ni n'en sorte. Je vais donc au secrétariat pour savoir ce qui se passe. "Elle a du retard." me répond-on sans autre précision (au fait c'est comme cela que j'ai appris que l'important médecin était une femme). On me fait comprendre qu'insister pour avoir de plus amples informations serait de mauvais goût. Ne voulant sous aucun prétexte passer pour un homme de mauvais goût, je n'insiste pas.

Arrivent les 45 minutes. Je m'adresse donc au jeune médecin "- Docteur". Celui-ci fait semblant de ne pas m'entendre et commence à dicter dans son dictaphone. Il n'a pas que cela à faire de répondre à un vieux con. Le professeur a fini sa journée, il sort de son bureau et se dirige vers la sortie. Il me croise donc dans le couloir, je le salue. Ce très important personnage ne répond pas à mon salut. Il n'a pas le temps.

La porte rouge reste fermée. Je me dis "j'attends une heure, puis je m'en vais". Arrivé à 50 mn, je me dis intérieurement que, tout bien réfléchi, le mépris que l'on affiche pour le patient dans ce service dénote l'incapacité du corps médical à établir une relation avec le patient et que c'est le signe d'une incapacité à soigner.

Je me dirige donc vers le secrétariat et à 51 mn bien décidé partir. J'en informe le secrétariat. Une personne dont je ne sais si c'est une infirmière ou une administrative conteste ce que je lui dis du motif de mon départ, car je dis que devant le mépris affiché pour le patient, je préfère partir. "Ce n'est pas du mépris." me dit-on sur un ton peu aimable. "Si, madame, c'est du mépris."

Encore dix minutes pour trouver le bon bureau pour que l'hôpital n'encaisse pas de la Sécurité sociale une consultation non fournie (car au début on m'a fourni des papiers et j'ai peur que l'on utilise ces papiers pour se faire payer). J'insiste donc : la consultation n'a pas eu lieu. L'employée cherche dans l'ordinateur, à ma demande effectue une manipulation. "C'est annulé." me rassure-t-elle. Au moins, ils n'auront pas l'argent de la Sécu, du moins je dois le croire.

Voilà comment l'administration hospitalière m'a fait perdre ma journée, et mes frais de déplacement, sans compter ma fatigue et mon défaut de soin qui me fait courir un risque. Merci les hôpitaux français !

Il iront après pleurnicher sur la "casse de l'hôpital". Ils le cassent eux-mêmes l'hôpital. Il me souvient encore qu'il y a quelques jours des patients un peu frustes, comme l'avaient rapporté les médias, dans le même hôpital, avaient frappé un médecin et qu'ils avaient été condamnés pour cela quelques jours plus tard. A l'époque je m'étais dit "- Tout de même, frapper un médecin !" Aujourd'hui, je comprends que des patients un peu frustes se mettent en colère et que leur colère ne reste pas platonique. Ce n'est pas bien ce qu'ils ont fait, mais ils avaient des excuses atténuantes.

Ajout du 7 juillet : Je dois ajouter que dans un autre service et à une date précédente, j'avais été reçu par le professeur lui-même et sans supplément d'honoraires. Le professeur désintéressé m'avait prodigué avec l'autorité du savant, des conseils originaux et de grand valeur pour ma santé. Il agissait en homme d'une exquise compassion et d'une grande humanité. Les services voisinent et ne se ressemblent pas.

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