31.7.12

Mgr Müller et Mère Térésa, la pauvreté et la théologie de la libération

L'intensité de la pauvreté dans certaines parties du monde ne peut probablement pas être imaginée par un Européen.

Mère Térésa, qui était albanaise, donc d'un pays européen pauvre, disait que la pauvreté qu'elle avait vue dans son pays n'était rien en regard du dénuement dans lequel vivait certains habitants de l'Inde. Elle avait une formule du genre, nous avons l'impression que c'est grave, mais ce n'est rien en comparaison. Mgr Müller dit à peu près la même chose en ce qui concerne l'Amérique latine. L'extrême pauvreté qui ôte sa dignité à l'homme dont la liberté n'est plus que nominale, a sans doute contribué à l'élaboration de la "théologie de la libération" d'Amérique latine :


A la question : « Votre engagement dans la théologie de la liberation a-t-il compromis votre nomination », Mgr Müller répond :

GM – Je ne sais pas. À la foi catholique (si vous la connaissez) appartiennent essentiellement le devoir social, la responsabilité envers le monde, l'amour du pauvre. Théologie de la libération est une formule, mais toute théologie chrétienne a quelque chose à voir avec la liberté de l'homme. Dans ce contexte, en Amérique latine aussi cela concerne des questions théologiques : par rapport à une misère et une indignité que beaucoup de gens autour de nous ne peuvent imaginer, par rapport à cette injustice flagrante, nous ne pouvons pas nous contenter de passer en haussant pieusement les sourcils. La foi et l'action bonne vont ensemble. Ce sont les deux faces d'une même monnaie.

Il y a semble-t-il théologie de la libération et théologie de la libération. La première serait un simple habillage chrétien de l'idéologie marxiste. La seconde serait plutôt à rattacher à un certain libéralisme justement entendu qui fait de la liberté, avec la vérité, les valeurs fondamentales du message chrétien. C'est par la libération que l'on accède à la liberté. Ceux qui vivent dans le dénuement ont besoin d'être libéré de cet état. C'est dans ce sens que le sénateur italien Pera (lui-même non chrétien) a écrit un livre pour dire que nous devions nous dire libéraux. Il a été approuvé par le Pape. Or un libéral est favorable à la libération, il n'y a donc pas lieu de se scandaliser de la théologie de la libération justement entendue.

Devant l'intensité de certains dénuements le devoir de solidarité n'est pas un devoir de charité, mais un devoir de justice (Rerum novarum). J'adhère de tout cœur à cette vision des choses.

Monsieur de Plunkett reproche à « d'autres sites » (ce n'est pas Benoît-et-moi, qui l'a publiée) d'avoir occulté la première réponse du prélat. Sans doute ont-ils pris peur de ce terme "théologie de la libération". Il ne faut pas avoir peur d'une expression, il faut voir ce que l'on entend par ce mot. Monsieur de Plunkett prétend aussi que Mgr Müller est « libéral » au sens américain et non au sens européen. Je pense qu'il n'est libéral dans aucun de ces deux sens politiques, mais qu'il est libéral au sens où pour lui la liberté et la libération sont au centre du message chrétien.

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