14.8.12

Les Béninois traditionalistes ou liberté religieuse universelle ?

Comme toujours la lettre de « Paix liturgique » est passionnante. La lettre 348 parle du diocèse de Natitingou au Bénin.

Les habitants du Bénin ne sont pas concernés par l'affaire de l'Action française. Maurras, auteur politique français, ne les intéresse pas. Pourtant au Bénin un fort mouvement favorable à la liturgie traditionnelle se fait jour parmi les catholiques.

Voici ce qu'enseigne Mgr N'Koué à propos du chant grégorien et de la liturgie traditionnelle dont il a constaté les résultats au monastère bénédictin « Notre-Dame de l'Ecoute » à Perporiakou (diocèse de Natitingou) :


« (…) dans ce monastère se célèbrent les deux formes du rite romain, sans heurt, sans bousculade, sans coups de poing. Ici, Paul VI fait bon ménage avec St Pie V. Le français et le latin sont acceptés. Gardez cette vocation liturgique. Faites-en une tradition, l’Église en a besoin. »

Il y a donc un « besoin » de la culture traditionnelle.

La liturgie traditionnelle est une forme de culture. Cette forme peut enrichir la culture dominante dans le clergé français. Aucune autorité ecclésiastique n'a de titre à détester la liturgie traditionnelle, ni a fortiori à l'interdire. Pourtant sous l'autorité du pape Paul VI on a tenté de le faire. L'autorité romaine avait promulgué un texte du 20 octobre 1969 interdisant la liturgie traditionnelle et ne l'autorisant exceptionnellement que pour les prêtres âgés et célébrant sans peuple « sine populo » (incroyable, mais vrai !). Les rédacteurs du texte auraient pu avant toute chose, avant de commencer à écrire, se demander à quel titre l'autorité de 1969 pouvait interdire l'usage de livres édités par saint Pie V…

C'est loin tout cela, mais combien en avons-nous souffert ! Combien cette criante injustice a causé de drames, de divisions dans les familles, de destructions d'œuvres d'art, d'apostasies ! Elle a causé le schisme lefebvriste et sédévacantiste puisque les lefebvristes et sédévacantistes sentaient et sentent, sans pouvoir l'exprimer, que le Pape n'avait aucun titre à agir ainsi (ce qui les a entraînés dans d'autres erreurs car c'est lorsque l'on a échappé à une erreur que l'on est le plus en danger de tomber dans une autre). Le Pape violait les droits fondamentaux des catholiques en matière religieuse. Ils ont constaté un fait, mais ils se sont intellectuellement égarés par leurs rejets subséquents de l'infaillible concile Vatican II et de l'indéfectibilité de l'Eglise. Le scandale originel, énorme, n'était cependant pas de leur fait.

Il faut donc aller plus loin que le Motu proprio du 7/7/7 et reconnaître la liberté religieuse des fidèles, des prêtres et des évêques dans l'Eglise romaine. De même que le motu proprio du 7/7/7 constate - contre la pratique antérieure de Paul VI ou mise en  œuvre sous son autorité qui interdisaient, au moins de fait, les anciens rites - la liberté des prêtres et des fidèles dans le choix des rites pour les sacrements autre que l'eucharistie (baptême, confession, confirmation, mariage, sacerdoce, extrême-onction), de même les catholiques ont le choix des livres liturgiques édités par le Saint-Siège et ce choix dépend de leur droit naturel fondamental à la liberté religieuse. Les Béninois nous le prouvent, ce n'est pas un problème local (français en l'occurrence), mais une liberté universelle dont l'Auteur de la nature a doté tous les hommes.

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