20.12.12

Non, monsieur Madiran, il n'y a aucun diabolique qui pro quo dans l'expression "droits de l'homme"

Monsieur Madiran dans un article de Présent publié sur le Forum catholique reprend ses habituels exposés sur les droits de l'homme de la République. Les droits de l'homme seraient le culte de l'homme, un culte arbitraire qui s'opposerait au culte de Dieu.

L'expression "droits de l'homme" est conforme à la logique. La substance de l'homme, ce qui fait qu'un homme est homme, c'est sa définition d'animal raisonnable, raisonnable donc capable de vérité. Le mot homme a une extension comprenant tous les hommes. Du fait d'être homme, donc capable de vérité l'homme a une vocation transcendante. Il est fait pour Dieu, il est mis à part pour Dieu. De ce fait aucun de ses égaux ne peut en disposer comme d'un être utile. Cette dignité (qui est le contraire de l'utilité, il est une fin, jamais un moyen) lui confère des droits innés, conférés par la nature et par sa nature.

Historiquement les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 (et non des "droits de l'homme" seulement, ce qui traduit une certaine confusion et peut fonder un totalitarisme) se sont contredits. Des articles énoncent des droits fondamentaux, naturels, universels (comme la présomption d'innocence), mais un autre inspiré de Rousseau définit la loi de façon insatisfaisante (volontarisme pouvant conduire au totalitarisme et à la négation des droits universels de l'homme). Monsieur Madiran prend prétexte de cette défectuosité pour condamner l'expression de "droits de l'homme", comme si la République récusait les droits de l'homme au moment où elles les exprime. Cette critique n'est pas dénuée de fondement.

La Constitution civile du clergé bafouait les droits de l'homme y compris ceux exprimés dans la Déclaration du 26 août 1789 qui proclamait que personne ne pouvait être inquiété pour l'expression de ses opinions, "même religieuses". Elle n'a plus que l'intérêt historique de démontrer que les révolutionnaires vivaient dans une certaine confusion intellectuelle où le totalitarisme le disputait à l'emphase mais aussi à l'expression de vérités sur les droits de l'homme.

Cependant depuis le 26 août 1789 les instruments juridiques ont évolué. Nous avons eu la Déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948, la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme de 1951, le Pacte international sur les droits civils et politique (1966 signature - 1976 entrée en vigueur), la convention d'Helsinki (1974 - 1980 entrée en vigueur).

Il n'existe donc aucun qui pro quo ni volonté d'appropriation de l'expression par le clergé catholique de l'expression "droits de l'homme" qui est parfaitement en accord avec la doctrine sociale et en est un aspect central de la doctrine évangélique (les dix commandements. J'ai posté plusieurs fois sur cette question notamment en faisant observer que les dix commandements fondaient les droits de l'homme. Par exemple ici.)

Les droits fondamentaux et universels de l'homme sont conférés par Dieu lui-même à tout homme dès sa conception. Nous le savons pas la raison car nous savons que l'homme est fait pour Dieu qui est la Vérité, il est donc sacré pour tout homme.

Que des intellectuels, des juristes, des écrivains se soient trompés, que la franc-maçonnerie et son relativisme essaient d'utiliser cette notion pour la pervertir en lui retirant tout fondement. (Pourquoi donc l'homme serait-il sacré s'il ne peut atteindre à la vérité ?) C'est une chose déplorable. Mais qu'on ne vienne pas pour cela condamner une expression parfaitement valable et qui évoque immédiatement Dieu, car l'homme, même athée, est sacré car il est capable de Dieu qui, seul, le jugera. Ces erreurs ne prouvent rien. Ceux qui invoquent les droits de l'homme militent en même temps pour l'avortement la PMA, le trafic des êtres humains etc. ? Hé bien, cela ne fait que prouver qu'ils n'ont pas une notion juste des droits de l'homme, mais nullement que cette expression serait à rejeter.

Pendant longtemps je me suis trompé en lisant monsieur Madiran et je condamnais, après l'avoir lu, l'expression "les droits de l'homme", je voulais les droits de Dieu ou les droits de l'homme avec Dieu, comme les islamistes, mais par les droits de l'homme sans Dieu, soi-disant doctrine de Mitterrand et de sa République du Panthéon. J'étais un "contre-révolutionnaire". Je me moquais de Jean-Paul II et de ses "droits de l'homme". Comme je me trompais et comme j'induisais en erreur ceux qui m'écoutaient !

Pour conclure sur un sujet annexe : monsieur Madiran militait pour le sinistre Jean-Marie Le Pen, agent de Mitterrand, comme c'est aujourd'hui prouvé. Je n'ai pas entendu dire qu'il s'était excusé (pas plus que ses amis Antony et Daoudal) pour nous avoir, involontairement je veux le croire, trompés… Mais maintenant, je suis détrompé, non seulement sur monsieur Le Pen, mais encore sur la littérature alambiquée, mais fausse de monsieur Madiran, et de voir tous les braves gens continuer à se tromper et à être trompés me fais de la peine pour eux.

Pourtant, modérant mes prises de position dans tout ce qu'elles pourraient avoir d'excessif, je remarque que monsieur Madiran a attiré mon attention sur la valeur de l'œuvre d'Etienne Gilson dont j'ai tiré quelques idées qui, comme un bouquet de fleurs, continuent d'embaumer mon univers intellectuel de 2012. Personne d'autre que lui qui n'aurait pu le faire. Je lui en suis reconnaissant.

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