10.12.12

Vive le Christ libérateur universel ! Vive la liberté religieuse du peuple français !

Le Salon beige publie un texte du cardinal Scola critiquant le laïcisme « à la française »

Il critique ce que l'on peut appeler la religion de la procédure. On pourrait définir la "religion de la procédure" comme une idéologie selon laquelle la procédure créerait la vérité, la procédure neutre par elle-même déterminerait le contenu de la vérité.

Voici un petit extrait :

«L'évolution des Etats démocratico-libéraux n'a cessé de modifier l'équilibre sur lequel reposait traditionnellement le pouvoir politique - réfléchit Scola -. Jusqu'à il y a quelques décennies, on se référait en substance, et de façon explicite à des structures anthropologiques généralement reconnues, au moins dans un sens large, comme des dimensions constitutives de l'expérience religieuse : la naissance, le mariage, la génération, l'éducation, la mort» «Que s'est-il passé quand cette référence, identifiée par son origine religieuse, a été remise en question et considérée comme inutilisable? - s'interroge le Cardinal -. On a absolutisé en politique des procédures décisionnelles qui tendent à s'auto-justifier. Ceci est confirmé par le fait que le problème classique du jugement moral sur la loi s'est transformé de plus en plus en une question de liberté religieuse».

L'absolutisation de la procédure convient bien au relativisme qui ne veut pas de vérité autre que la relation entre les vérités ou les convictions. Mais je ne pense pas que la liberté religieuse soit le contenu de ce « procédurisme » (si l'on veut bien me passer ce néologisme). La liberté religieuse entendue comme relativisme religieux n'est pas la vraie liberté religieuse.

Je pense que l'histoire (du droit en particulier) peut nous donner quelques clés en nous faisant reparcourir le chemin de la chrétienté à la société relativiste.

C'est pourquoi j'avais proposé au Salon beige un commentaire, rédigé vite, dont voici une version corrigée :


« La pensée du cardinal est compliquée. La juste et nécessaire laïcité de l'Etat ne signifie pas que l'Etat ne puisse confesser une foi. Mais l'Etat est laïc, il reçoit la foi de l'Eglise enseignante, il ne l'enseigne pas.

Cette laïcité constitue un cercle d'autonomie, donc de liberté, donc d'initiatives pour les laïcs. Il existe des domaines dans lesquels l'Eglise enseignante ne veut rien dire, n'a rien à dire, elle ne juge qu'a posteriori des initiatives sur leur conformité à la morale universelle. L'Etat peut donc s'inspirer de l'évangile, il le doit même moralement, mais juridiquement, il doit respecter et promouvoir les droits universels et fondamentaux de l'homme.


Or, il ne s'agit pas que de la laïcité à la française. La laïcité à la française s'est développée de façon concomitante avec le droit public américain. Le 1er amendement de la Constitution américaine bafoue la liberté de choix de l'Etat :  

"Le congrès ne fera aucune loi accordant une préférence à une religion (…) " 

(traduction wikipedia) en anglais :  

"Congress shall make no law respecting an establishment of religion (…)" 

ce que je propose de traduire 

"Le Congrès n'établira aucune loi rendant hommage à une religion instituée (…)"
Les rédacteurs avaient sans doute à l'esprit la religion anglicane.

On devrait prendre en compte, lorsque l'on traite de la laïcité, l'histoire de la Constitution américaine qui interdit à l'Etat de préférer une religion (1er amendement, 1er membre de phrase promulgué en 1789). Or il est de la liberté des laïcs de préférer une religion à une autre, dans le respect de la laïcité et des droits fondamentaux de l'homme. Il est donc licite à des laïcs de dire qu'ils s'inspireront d'une religion. Leur raison ne doit pas être amputée de cette liberté, la liberté d'expression.

Pourquoi donc le 1er amendement croit-il trouver la paix dans la solution proposée par le 1er Amendement ? Historiquement les Anglo-Saxons avaient énormément souffert des troubles entre anglicans, catholiques et protestants. Ils en avaient donc assez des discussions interminables, des polémiques théologiques et morales sans fin qui pouvaient déboucher sur des bagarres sanglantes entre fanatiques (« lorsqu'il y a une éclipse, tout le monde est à l'ombre », il y a pu y avoir des catholiques fanatiques.). Mais si on le comprend historiquement, il n'en reste pas moins que, rationnellement et juridiquement, il n'y a aucune raison pour interdire aux hommes politiques de parler de l'évangile et de déclarer, au nom du peuple, qu'ils entendent obéir à une foi, bien sûr dans le respect des droits universels de l'homme, eux-mêmes fondés sur la raison universelle de l'homme (laquelle justifie la critique de toutes les religions, y compris la catholique, c'est vrai, mais qui peut être source d'inspiration car elle ne bafoue ni les droits universels de l'homme, ni les droits de la raison).

Il n'y a donc pas que le laïcisme français, il y a aussi, à un moindre degré d'agressivité à l'égard de la raison et de la liberté, la Constitution américaine.

Ce qu'il nous faut donc reconquérir, c'est la liberté religieuse de l'Etat, face au laïcisme ou au fanatisme religieux (qui veulent imposer tout deux une idéologie ou une foi contraires à la raison universelle de l'homme).

C'est très important à comprendre parce que en France par exemple, la devise "Liberté, égalité, fraternité" fait référence à la foi chrétienne. Si "liberté" et "égalité" sont rationnellement compréhensibles, donc établies, la notion de "fraternité" fait référence à la foi biblique, car rien dans la raison ne démontre que l'humanité est une seule famille, c'est l'histoire biblique qui nous l'enseigne. Il en est de même du mariage même laïc et civil qui est fondé sur la foi évangélique, ou du moins qui s'inspire d'elle.

Or tout le monde est attaché à cette devise qui est chrétienne. Cela ne gêne personne. C'est un exemple important qui fait bien comprendre la liberté du peuple de confesser une croyance.

Donc la République française n'est pas si contraire à l'évangile, elle s'en est inspirée, elle s'en inspire sur de nombreux points (dont le mariage). La laïcisme n'est pas à confondre avec elle, au contraire, il s'y oppose.

Si l'on est laïciste, on dira à la façon de monsieur Tourret "Mon Dieu ! Quelle horreur ! La loi civile s'inspire de l'évangile ! Mais c'est affreux ! Vite changeons la loi pour être juste !" Alors que, si cette loi ne s'oppose en rien à la raison (car l'évangile ne s'oppose jamais à la raison, mais l'exalte), même si elle s'inspire d'une foi, personne ne peut la déclarer immorale, elle est l'exercice d'une liberté collective.

C'est justement dans la sphère d'autonomie laïque que l'on retrouve cette liberté de la raison universelle de déclarer qu'elle a la liberté de confesser une foi, même collectivement. Il reste que c’est la foi catholique qui est en parfait accord avec la raison universelle de l’homme.

C'est pourquoi je renvoie presque à équidistance les laïcistes et les "traditionalistes". Aux uns je dis : l'évangile est une liberté en rien opposé à la raison. Aux autres je dis : les droits universels de l'homme sont une réalité à respecter en vertu même de la foi que vous prétendez confesser.

Vive la liberté religieuse ! Vive le Christ, Roi de France et Roi de l'univers, le Libérateur universel !

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