24.7.13

Monsieur Reynouard cultive les antinomies sociales




La "droite nationale" n'a aucune chance parce qu'elle ne respecte pas l'enseignement des papes récents en matière morale (notamment doctrine sociale). Souvent des intégristes aux "païens" elle la critique sans la comprendre. Elle se ridiculise.

Elle raisonne comme ses adversaires. Elle a le culte des antinomies. Pour elle la République, c'est le mal, l'Ancien Régime, c'était le bien. Le peuple autrefois bon acceptant la Tradition, l'a rejeté. Etc.

Or, l'Ancien Régime avait ses défauts : irrespect de la liberté religieuse (et pas nécessairement dans le sens où on l'imagine, la religion catholique en venait à être conçue comme un service public d'État à la disposition du peuple), esclavagisme... qui nécessitaient d'importantes réformes. La République en revanche, critiquable sur l'aspect volontariste de la démocratie moderne, a apporté des progrès sur certains points (abolition de l'esclavage par exemple) et n'a pas apostasié complètement. La volonté génocidaire des républicains à l'encontre de la Vendée n'a jamais existé, c'est une diffamation historique, même si des massacres de femmes et d'enfants ont eu lieu.

Robespierre n'était pas tout à fait le monstre que l'on décrit.

Les ouvrages de Pierre Gaxotte (La Révolution française) ou de Raynald Seicher, par exemple, intoxiquent ceux qui les lisent.

Chaque génération doit se réapproprier la culture selon un processus long et hasardeux qui, au niveau de l'individu, peut être interrompu à tout instant. Si l'on perd son temps en lisant des auteurs peu sûrs, on aura pas le temps de lire les papes, y compris les plus récents. Pour éviter de dire des bêtises, une des nécessités est de retrouver la foi en l'Église de Jésus-Christ. Jésus-Christ a désigné son vicaire et a promis que la chaire de Pierre subsisterait pas jusqu'à la fin du monde. À certaines conditions et en certaines matières écoutons, scrutons les enseignements du pape. C'est une condition nécessaire, mais non suffisante à l'acquisition d'une culture cohérente.

Pourtant, monsieur Reynouard a par ailleurs le mérite d'énoncer certaines vérités. Mais par les éléments erronés de ses discours, il déconsidère ce qu'il énonce de vrai.

Monsieur Reynouard, comme ses adversaires, illustre cette pensée de Gilson : les hommes sont dans l'erreur parce qu'ils ont raison.

2 commentaires:

Bisounours en colère a dit…

3Pouvez-vous préciser votre pensée sur Robespierre ?
Avez-vous lu ce qu'en dit Mgr Gaume dans son étude en 12 volumes sur la Révolution ?
Cordialement.

Unknown a dit…

Non, je n'ai pas lu ce qu'en dit Mgr Gaume (un très bon auteur cependant).

Vous pouvez retrouver par ce lien les quelques posts que j'ai consacré à Robespierre :

http://denismerlin.blogspot.fr/search?q=robespierre

Historiquement Robespierre n'était pas le dictateur que l'on dit. Il a été contredit sans que ses contradicteurs ne soient persécutés (s'ils étaient révolutionnaires).

Le Robespierre de Jean Anouilh dans pauvre Bitos ou le Robespierre des contrerévolutionnaire n'est pas tout à fait le Robespierre de l'histoire et dont je me suis fait une idée en lisant des extraits de ses discours et en prenant en compte ses opinions.

L'abolition de l'esclavage, l'abolition de la peine de mort étaient de bonnes initiatives. Je crois qu'il était opposé à la guerre en 1792 (c'est sans doute pour cela qu'il fut massacré avec ses partisans).

Il est vrai cependant que Robespierre était contradictoire puisqu'il vota la mort de l'innocent Louis XVI et qu'il fut sanguinaire et diffamateur (il voyait Louis XVI et ses partisans en égorgeurs). En "bon" rationaliste et laïciste il était incohérent.

D'autant plus incohérent qu'il n'a pas protesté lors du vote de la loi de la Grande Terreur rédigée, dit-on, par un de ses partisans (Couthon) :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56373g/f7.image

Cette "loi" bafouait les droits universels de l'homme, à l'évidence. Elle était une véritable cochonnerie et la Convention s'est à jamais déshonorée en la votant.

Mais je pense que l'on exagère en le présentant comme un dictateur sans entrailles, comme lorsque l'on accuse les révolutionnaires d'avoir voulu génocider les Vendéens (même si de terribles massacres ont eu lieu, la volonté de génocide en tant que telle n'a pas existé).

Bref, je demande un peu plus de nuances pour Robespierre partisan de l'immortalité de l'âme, de l'abolition de l'esclavage, de l'abolition de la peine de mort, de l'Être suprême, hostile à la guerre de 1792, auteur de la formule valable et même très bonne et chrétienne "Liberté, égalité, fraternité", partisan de l'arrêt de la déchristianisation. Cependant, je pense qu'il avait le "timbre un peu fêlé" et qu'il était un homme dangereux par ses incohérences. Il faisait montre d'une haine absurde et sanglante pour les royalistes. Ce sont ce genre d'individus qui ont accrédité l'opinion selon laquelle il n'y a rien de commun entre l'Ancien Régime et la République. Cette opinion perdure aujourd'hui encore parmi la caste dirigeante et ses adversaires. Elle divise la France en deux partis irréconciliables. Je suis du tiers parti parce que je suis réaliste (le bien n'est pas d'un seul côté, ni le mal de l'autre).

La frontière entre le bien et le mal passe au-dedans de nos âmes.

Espérant avoir suffisament précisé sur Roberspierre, je vous remercie de votre question.