18.8.13

Monsieur Daoudal et la liberté religieuse

Lu sur le Salon beige ce passage du dernier livre de monsieur Daoudal :


« Le grand débat sur cette déclaration est de savoir si ce texte est en rupture ou non avec « l’enseignement infaillible » de Pie IX dans Quanta Cura et dans le Syllabus(notamment). Certains montrent que la contradiction est manifeste, d’autres ont écrit des milliers de pages pour montrer que la contradiction n’est qu’apparente et que finalement il y a bien continuité.
Ce débat me paraît parfaitement vain. C’est à peu près comme si on se demandait s’il y a contradiction entre le Deutéronome et le Code civil. La question ne se pose pas. Elle ne se pose pas parce qu’on compare ou qu’on oppose des textes qui n’ont pas d’autres points communs que certains mots, auquel on veut donner la même valeur alors qu’ils ne l’ont pas.
Le grand malentendu sur Dignitatis humanae est, mais ici de façon chimiquement pure, le malentendu qui règne sur le concile en général, et plus particulièrement sur Gaudium et spes. Non seulement ce concile s’est voulu pastoral, mais il a voulu s’adresser « à tous les hommes », comme le disait d’emblée son « Message » du 20 octobre 1962. […] Lorsque l’Eglise s’adresse à l’humanité toute entière, ce n’est évidemment pas pour préciser un point du dogme, ni pour confirmer ou battre incroyablement en brèche un « enseignement infaillible », c’est pour proposer, en tant qu’organisation sociale à laquelle on reconnaît une sagesse certaine, une règle de comportement qui serve le bien commun social.
J’ai fini par comprendre cela à force de lire les discours de Jean-Paul II puis de Benoît XVI adressés à des auditoires non catholiques, aux dirigeants politiques et aux ambassadeurs. Chaque fois qu’il est question de liberté religieuse, ces discours donnent l’impression que le pape n’est plus le pape. […]
Et en fait ce n’est pas nouveau dans l’histoire de l’Eglise. Chaque fois que l’Eglise défend la loi morale naturelle, elle fait la même chose.  […] Quand elle proclame sa doctrine sociale, au sens des premières encycliques sociales […] elle la proclame à tous les hommes de bonne volonté : les principes du bien commun et de la subsidiarité ne sont pas des principes confessionnels ; cette doctrine est véhiculée par l’Eglise mais elle n’est pas religieuse, elle est proprement sociale. Il en est de même de la liberté religieuse, qui, en réalité, s’inscrit tout simplement dans la doctrine sociale de l’Eglise. Et de fait elle s’y trouve désormais […]. »

 L'Église s'adresse à tous les hommes au nom de la raison et le dogme catholique n'est jamais en contradiction avec la raison (voir Fides et ratio). Elle s'adresse à tous les hommes au nom de la raison parce que la raison est universelle. Donc ceux qui ne reconnaissent aucune autorité intellectuelle à la foi doivent reconnaître l'autorité de la raison. (Les juifs reconnaissent l'autorité de l'Ancien Testament, les hérétiques et schismatiques, du Nouveau Testament, avec les autres, nous n'avons en commun que la raison universelle de l'homme).

C'est pourquoi dans leurs fondements, il n'y a aucune contradiction entre le Deutéronome et le code civil qui peuvent parfaitement être comparés (loi divine positive dans un cas, loi positive humaine dans l'autre). D'ailleurs vu le nombre de dispositions de droit pénal contenues dans le Déutéronome, il faudrait souvent comparer le Déutéronome avec le code pénal et surtout avec les règles générales concernant la répression et le droit pénal. Je rappelle à ce propos que le droit pénal occupe une place à part dans le droit général, ses règles d'interprétation, son application sont spéciales. La comparaison n'a donc pas lieu d'être entre le code civil et le Deutéronome en tout ce que le Deutéronome édicte en matière pénale.

Revenons-en aux fondements de la doctrine sociale : pour partie la doctrine sociale de l'Église est fondée sur l'autorité de la raison et pour partie sur la foi. À ceux qui ont la foi, elle dit voici la doctrine de Jésus-Christ tirée pour partie de la raison et pour partie de la foi. À ceux qui n'ont pas la foi catholique elle dit voici ce que je dis au nom de Jésus-Christ en ma qualité d'expert en humanité. À tous elle dit : j'invoque 1) la raison universelle de l'homme (justice, vérité, droits de l'homme), 2) tantôt la charité comme interprète du contenu de la foi pour ceux qui ont la foi et comme expert en humanité (2 000 ans d'expérience) pour ceux qui ne l'ont pas.

Naturellement monsieur Daoudal ne s'applique pas à discuter avec moi, passe totalement sous silence mes arguments pertinents sur la cohérence parfaite entre le Syllabus et Quanta cura (Le Syllabus et Quanta cura sont fondés sur la liberté religieuse des peuples).

Monsieur Daoudal est intéressant par sa connaissance des pères de l'Église, mais il égare ses lecteurs sur beaucoup d'autres sujets.

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