30.3.15

Pourquoi saint Pierre a-t-il eu peur ?

Dans le récit de la Passion, on sait que saint Pierre tire son glaive du fourreau, frappe le policier Malchus à la tête. Il rate son coup, le glaive coupe l'oreille de Malchus (peut-être le glaive a-t-il glissé sur le casque). Jésus réprimande vertement saint Pierre en lui rappelant le proverbe: "Qui prend l'épée périra par l'épée." (Jn 18,10)


Jésus fait ensuite un miracle en réparant tous les dommages causés à Malchus, lui recollant l'oreille et faisant disparaître toute séquelle du coup donné par saint Pierre.

Quelques heures plus tard saint Pierre prétend avec force en n'hésitant pas à invoquer Dieu au soutien de son mensonge et par des imprécations qu'il ne sait même pas qui est Jésus, qu'il est donc loin d'être un de ses disciples !



Saint Pierre tympan de la chapelle de Ganagobie


Psychologiquement (si l'on se met à imaginer la psychologie de saint Pierre) saint Pierre n'a-t-il pas eu peur que les autorités judiciaires ne finissent par lui demander des comptes du coup donné à Malchus ? En déclarant : "Mais je ne sais même pas qui est ce Jésus ! Comment voulez-vous que je sois son disciple ?", il écartait le danger de se voir dire: "Dis-donc ! Cette nuit n'est-ce pas toi qui a frappé le policier Malchus ?"

J'ai un argument de texte au soutien de cette hypothèse:

« Jn 18,26. Alors un des serviteurs du grand prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l'oreille, lui dit: Est-ce que je ne t'ai pas vu dans le jardin avec lui?
Jn 18,27. Pierre le nia de nouveau; et aussitôt le coq chanta. »
Donc ce "serviteur du grand prêtre" (en fait un policier) était à la fois un collègue et un parent de Malchus...

Cette hypothèse a le mérite d'expliquer la crainte de saint Pierre: Après sa faute, saint Pierre tentait d'échapper aux éventuelles poursuites...

À la décharge de saint Pierre, disons que la concierge du palais du Grand prêtre l'a surpris (Jn 18,17) lorsqu'elle dit à peu près "Mais il me semble te reconnaitre, tu fais partie de ses disciples, non ?" Il n'avait pas prévu... qu'il serait reconnu. Il a répondu sans avoir le temps de réfléchir. Il a perdu les pédales. Puis, l'émotion l'enferma dans son mensonge et il renouvela ses mensonges en répondant au policier.

On sait que c'est un grand argument en faveur de la véracité des évangiles: saint Pierre tenait à expliquer au monde entier qu'il était un homme violent, prompt à tirer l'épée contre l'autorité et, qu'en outre, il n'assumait pas ses actes. Mais qu'il était le chef...

Belle humilité et belle espérance !

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