5.3.16

Sans miséricorde plus de prescription: exemple à Lyon avec le cardinal Barbarin

Communiqué du diocèse de Lyon:

« Le cardinal Philippe Barbarin prend acte avec gravité de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Lyon pour non dénonciation de crime et mise en danger de la vie d’autrui. Cette enquête fait suite au signalement de victimes, mineures au moment des faits, d’actes commis jusqu’en 1991 par le Père Bernard Preynat, prêtre du diocèse de Lyon.
Le cardinal Barbarin et le diocèse de Lyon coopéreront avec sérénité et confiance avec la justice et fourniront aux enquêteurs toutes les informations à leur disposition pour faire la lumière sur ces événements, dont la complexité et l’ancienneté exigent une approche prudente.
Conscient de l’extrême gravité des faits reprochés au prêtre mis en examen, le cardinal Barbarin tient à rappeler qu’il n’était pas archevêque de Lyon à l’époque des faits et qu’il n’a jamais couvert aucun fait de pédophilie. Il s’est trouvé en 2007/2008 informé du passé de ce prêtre, dont les agissements antérieurs à 1991 avaient été traités, à leur époque respective, par ses trois prédécesseurs. Convaincu que ce prêtre avait rompu avec ce passé, il avait alors renouvelé la mission que lui avaient donnée ses prédécesseurs. Grâce au collectif des victimes de la Parole Libérée, on sait que, si les faits sont plus nombreux et plus graves que ce qu’il semblait en 2007/2008, aucun n’est à notre connaissance postérieur à 1991.
C’est en 2014, ayant reçu pour la 1ère fois le témoignage direct d’une victime pour des faits prescrits, qu’il a décidé, après avoir pris l’avis de Rome, de suspendre ce prêtre, avant même la première plainte d’une victime devant la Justice.
Le cardinal Barbarin renouvelle son soutien aux victimes et à leurs familles et porte dans sa prière toutes les personnes blessées par ces douloureux événements. Il émet le vœu que la justice puisse agir dans la sérénité nécessaire à la compréhension et à la manifestation de la vérité.
Le cardinal Barbarin a agi avec "extrême responsabilité", comme l’a rappelé le 19 février 2016 le porte-parole du Vatican. »

L'imprescriptibilité des crimes fut inventée à Nürnberg. Elle tend à envahir tout le droit pénal. Voir sur ce sujet un de mes précédents posts.

Ainsi des faits de 1991 ressortent en 2016: 25 ans. Mais pourquoi donc les personnes se présentant comme victimes n'ont-elles pas agi depuis qu'elle sont majeures ?

En tous cas cette vindicte n'a rien à voir avec la vindicatio qui ne va pas sans la miséricorde. Cette haine inextinguible n'a rien à voir avec la justice.

« La prescription, si elle peut paraître injuste aux parties civiles qui s'y heurtent, est une institution essentielle au système juridique français. Non seulement elle garantit un droit à l'oubli et à la sécurité juridique, mais elle limite également les risques d'erreur judiciaire, en interdisant que le procès prenne place à une époque où la fiabilité des preuves ne serait plus assurée. En ce sens, elle est peut-être d'abord et avant tout une garantie de l'effectivité des droits de la défense. »
Julie Klein
Professeur à l’Université de Rouen

Elle n'est pas [seulement] une "institution essentielle au système juridique français", elle est une institution essentielle au système pénal universel. Si elle est une garantie de l'effectivité des droits de la défense, elle est un droit de l'homme, imprescriptible et inamissible. Droit opposable par l'accusé à ses accusateurs. Elle est enfin intimement liée à la miséricorde. Si depuis 25 ans l'accusé s'est amendé, il est juste de ne plus en parler.

Psaume 84 (Vulgate), extrait, traduction Fillion du site magnificat.ca:

« Ps 84,8. Montrez-nous, Seigneur, Votre miséricorde, * et accordez-nous Votre salut.
Ps 84,9. J'écouterai ce que dira au dedans de moi le Seigneur Dieu; * car Il annoncera la paix pour Son peuple. et pour Ses saints, * et pour ceux qui rentrent au fond de leur coeur.
Ps 84,10. Oui, Son salut est près de ceux qui Le craignent, * et la gloire habitera dans notre terre.
Ps 84,11. La miséricorde et la vérité se sont rencontrées; * la justice et la paix se sont donné le baiser. »

Rallumer des affaires pénales de 25 ans, c'est aller contre la vérité de la miséricorde, contre la miséricorde et par conséquent contre la justice mère de la paix.

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